L'abbé Michel Salamolard et Bastien Eschmann ont débattu sur le mariage pour tous | © Bernard Hallet
Le mariage pour tous, soumis au vote populaire le 26 septembre 2021, soulève de délicates questions éthiques et sociales. Progrès nécessaire pour mettre fin à une discrimination, ou atteinte aux droits de l’enfant et à la famille? Le prêtre et blogueur valaisan Michel Salamolard et le juriste et catholique jurassien engagé Bastien Eschmann, en débattent pour cath.ch.
Quelle est pour vous la nécessité ou pas du changement légal établissant le mariage pour tous?
Bastien Eschmann: Nous sommes en 2021 dans un Etat de droit qui prévoit une série de principes fondamentaux dont l’égalité de traitement devant la loi. Pour moi, une personne, quelle que soit son orientation sexuelle, doit pouvoir être traitée par l’Etat de manière égalitaire. Le partenariat enregistré établi en 2007 n’est pas l’équivalent du mariage, notamment en ce qui concerne la naturalisation facilitée, les assurances sociale et l’adoption. Rien ne légitime ces différences de traitement.
Michel Salamolard: Cette réforme ne s’imposait pas du tout. Cette proposition vient des milieux LGBT ce qui est normal, mais aussi du Conseil fédéral qui a poussé à légiférer sur la question. Le parlement a suivi, à mon avis, de manière imprudente, sans aller au fond des choses. Du point de vue du droit, il existe aussi un autre principe qui dit que le droit ne peut pas traiter de la même manière deux réalités objectivement différentes. Du point de vue de la personne, Il n’y a certes pas de différence de droit entre hétéros et homos, pas de différence non plus pour la vie en couple, mais par rapport à la reproduction la différence est fondamentale, on ne peut ni la gommer, ni la camoufler.
Les partisans du mariage pour tous, mais aussi le Conseil fédéral, insistent sur l’aspect symbolique de la démarche.
M.S.: On joue beaucoup sur le symbole: l’égalité, le droit, l’amour. Mais au-delà, nous devons examiner les effets profonds. Le premier est la suppression et du mariage universel et du partenariat enregistré au profit d’une union civile qui définit de manière arbitraire le mariage sans rapport avec le réel. Comme si le législateur pouvait inventer une définition du mariage, de l’homme ou de la femme en dehors de la réalité biologique, selon les pressions et les modes du moment.