Toute ressemblance avec le thème d’une certaine votation fédérale ne serait pas purement fortuite !
Prendre sa retraite est un droit. Vivre de belles années de retraite est l’espérance de tous. Et si ça pouvait s’exercer, cette bonne qualité de vie à la retraite ?
Considérons différentes mesures de temps : le temps d’une vie, mais aussi, par exemple, le temps d’une semaine ou d’une année. Je crois qu’à chaque unité de temps, il est vital de prendre un espace de « retraite » ou de retrait, libéré des obligations du travail, un espace pour revenir à soi et simplement vivre.
A l’échelle de la semaine, le temps de retrait prévu, c’est le dimanche – le week-end, le jour de congé, peu importe. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas humain de travailler sept jours sur sept ! Se reposer le septième jour est une magnifique trouvaille biblique – ou un acquis de notre civilisation, si vous préférez. C’est en tout cas une chance à préserver !
A l’échelle de l’année, il y a les vacances. Quelques semaines dont je parle volontiers quand je les imagine, ou, au retour, si j’ai fait de belles découvertes. Pourvu que je ne me limite pas à consommer des loisirs mais choisisse ce qui me ressource, me permet de vivre de belles rencontres, de m’émerveiller de la nature.
Je pense que l’on vit mieux les temps de retraite/retrait longs quand on a pris soin des temps de retraite/retrait plus courts. Ainsi, quand on arrive, après bien des années, à l’âge de la retraite, la manière dont on aura été attentif à ses journées ou semaines de retrait sera (ou pas !) une aide et un soutien.
Si « le travail, c’est ma vie », n’aurai-je pas le sentiment de n’être plus personne quand je ne pourrai plus me définir par ma profession ? A l‘inverse, si j’ai respecté mes limites physiques et mentales, mon corps risquera moins de lâcher une fois la pression retombée. Ou bien, si j’ai cultivé les rencontres, je garderai sans doute longtemps de bons liens d’amitié. Enfin, si tout au long de ma vie, j’ai laissé à mon âme le temps de respirer (c’est en ce sens que certains font des « retraites » spiri-tuelles), je trouverai plus facilement, l’âge venu, un chemin de sagesse.
Dominique Jeannerat, prêtre, aumônier en EM