Retour sur le pèlerinage à Lourdes
Voyage en immersion dans le car des malades
Pour le pèlerinage de printemps à Lourdes, l’abandon du train des malades au profit de cars modulables spécialement équipés pour des personnes handicapées est un succès. Les malades, comme les hospitaliers sont unanimes pour reconnaître que ces cars n’ont que des avantages pour les malades : un temps de voyage réduit, un transfert pénible en moins, une nuit supplémentaire à Lourdes, un confort amélioré et une proximité immédiate avec un médecin et le personnel soignant. Qui dit mieux.
Voilà plusieurs années que l’on évoquait l’abandon du rail pour le voyage des malades à Lourdes. On a même prolongé le sursis en affrétant des wagons allemands… En vain. Le train des malades, celui que l’on surnommait « le train blanc » a fait son temps… trop vétuste, inconfortable et lent, trop lent. De plus, à l’arrivée en gare de Lourdes, après une nuit passée dans le train, une armée d’hospitaliers devait encore prendre en charge le transfert des malades et du matériel jusqu’à l’Accueil Notre-Dame, un travail de titan.
Comme l’année dernière, les pèlerins valides pouvaient faire le déplacement en car, ou à bord d’un TGV à deux étages, ou en avion. Pour les malades, les organisateurs du pèlerinage ont affrété des cars auprès d’une société de Lourdes. Des véhicules parfaitement équipés et modulables en fonction de chaque groupe à transporter.
Départ de Delémont
Au matin du dimanche 14 mai, il est 6h40 lorsque le car des malades jurassiens quitte le parking de la halle des expositions à Delémont. Auparavant, Sylvain et Isabelle, les deux chauffeurs arrivés la veille dans la capitale jurassienne, ont rangé les bagages et les chaises roulantes dans la soute et ont pris soins d’installer confortablement « leurs » passagers.
Extérieurement « Fabienne 17 » est un car comme les autres, c’est au niveau de son aménagement intérieur qu’il se distingue avec, notamment, un élévateur escamotable, logé dans la porte arrière qui permet de faire monter dans le car, à environ 1,70 m du sol, les personnes à mobilité réduite, les fauteuils roulants et même les couchettes. A cela il faut ajouter une cabine de toilette spacieuse avec une entrée assez large pour accompagner une personne au lieu d’aisance. Logée tout à l’arrière du car, une kitchenette bien équipée va permettre aux hospitalières d’assurer le ravitaillement, notamment lors de la pause-repas de midi.
Après une brève escale à Porrentruy pour embarquer les ultimes voyageurs, le car passe la frontière de Boncourt à 7h42, au moment même où, à Delémont, le train transportant des dizaines d’autres pèlerins et hospitaliers jurassiens quitte la gare.
Vitesse de croissière
Dans le car, Agnès, l’infirmière responsable, contrôle que chacun soit bien installé, en particulier les 17 malades, dont quatre voyagent allongés sur des couchettes, alors que les autres sont assis dans des « Royal class », des fauteuils larges et bien espacés, permettant de voyager presque couché, dossier incliné et jambes surélevées. Sont aussi à bord : trois hospitaliers, dont l’abbé Nino Franza, l’aumônier des malades et Fabien Chèvre, le président de l’Association jurassienne des hospitaliers ; cinq hospitalières, qui seront en permanence aux petits soins pour les malades ; une doctoresse, Marta Coussa, médecin-cheffe, spécialiste FMH en anesthésiologie à l’H-JU Delémont ; et quatre pèlerins. Soit 30 passagers et deux chauffeurs.
Le car roule à vitesse constante de 100km/h : dimanche oblige, les camions sont rares et la circulation est fluide. Toutes les deux heures et demi, le car s’arrête pour le changement de chauffeur. Les hospitalières profitent de ces pauses pour faire du nursing auprès des dames alitées.
Des soins à bord
Bien insonorisé, le ronflement du moteur et les bruits extérieurs sont presque inaudibles dans l’habitacle du car. Une bonne partie des passagers s’assoupissent… Peu après 13h, dans les environs de Valence, c’est devant un restoroute que le car s’arrête pour la pause repas des chauffeurs. Durant cette heure d’immobilisation, les hospitalières distribuent sandwiches, boissons, médicaments et prodiguent à nouveau des soins aux malades couchées, alors que des hospitaliers tendent des couvertures autour des couchettes en guise de paravent, pudeur oblige.
Histoire de lui dégourdir les jambes, les hospitalières décident de lever Sœur Clotilde et de l’amener aux toilettes. Puis, assise dans un siège pour manger sa collation, la religieuse semble mieux respirer que lorsqu’elle était allongée sur sa couchette. Agée de 90 ans, Sœur Clotilde est une habituée : c’est son 38e pèlerinage à Lourdes !
A 14h, Sylvain reprend la route jusqu’à 16h45. Après 30 minutes de pause, Isabelle s’empare des commandes de « Fabienne 17 » et les hospitalières passent entre les sièges pour offrir des tranches de totché à tous les passagers.
L'accueil à Lourdes
Finalement, peu après 21h le car arrive à Lourdes et s’arrête devant l’Accueil Notre-Dame, un bâtiment situé au cœur du sanctuaire, conçu comme un EMS pour héberger des groupes de malades. Les hospitalières et hospitaliers arrivés la veille, pour mettre en place le service réservé aux Jurassiens, conduisent aussitôt les malades en salle à manger où un souper les attend. Le trajet aller Delémont-Lourdes, soit un peu plus de 1000 km, a duré 14h30 (dont 2h30 à l’arrêt), sans le moindre problème à signaler.
Ce soir-là, contrairement aux années précédentes, les malades ont dormi dans un vrai lit à Lourdes et non pas dans la couchette étroite d’un train trop vétuste.
Pascal Tissier