Les pieds, le nez et les doigts de la statue du couvent de la Flagellation, à Jérusalem, ont été endommagés | © Clémence Levant
Cinq incidents perpétrés par des juifs radicaux ont touché la communauté chrétienne de Jérusalem depuis le début 2023. Une intensité et une régularité jamais vues alors que le pays est dirigé par des représentants d’un judaïsme religieux et radical.
Clémence Levant à Jérusalem, pour cath.ch
La statue du Christ flagellé gît au sol, brisée au niveau des pieds et du visage, après avoir été décrochée et abîmée par un juif radical. Jeudi 2 février, aux alentours de 8h30, un homme d’une quarantaine d’années à la longue barbe poivre et sel a vandalisé la chapelle de la Condamnation, ouverte au public dans le couvent franciscain de la Flagellation, situé à la deuxième station de la Via Dolorosa dans la vieille ville de Jérusalem.
Un juif radical a décroché et brisé une statue de Jésus dans une chapelle du couvent franciscain de la Flagellation à Jérusalem, le 2 février 2023 | © Clémence Levant
Immobilisé par le gardien musulman du lieu saint, l’individu a été arrêté par la police avant d’être conduit dans un hôpital psychiatrique. «On ne peut pas avoir d’idoles à Jérusalem. C’est une question très sérieuse. On ne peut pas adorer des représentations de faux dieux à Jérusalem», a expliqué le quadragénaire dans un anglais au fort accent américain alors que la police le menottait. Pour de nombreux juifs, les chrétiens sont des idolâtres. Et les statues sont, de leur point de vue, le signe évident de cette idolâtrie.
Multiplication des incidents
C’est le cinquième acte touchant des lieux, sanctuaires ou membres de la communauté chrétienne et perpétrés par des juifs, dans les cinq premières semaines de 2023. L’année s’était ainsi ouverte sur la profanation, le 1er janvier, d’une trentaine de tombes dans un cimetière chrétien du Mont Sion par deux jeunes juifs radicaux (15 ans et 18 ans) issus du centre du pays.
Un centre communautaire maronite a également été saccagé à Ma’alot, dans le nord d’Israël, le 12 janvier. Le même jour, des graffitis «Mort aux arabes et aux non-juifs» ont été retrouvés au couvent arménien de Jérusalem, et les membres de leur communauté ont été pris au moins deux fois à partie par de jeunes juifs, le 28 janvier. Le 26, c’est un restaurant de la porte Neuve, l’entrée du quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem, qui a été la cible de violences.
Actes antichrétiens?
Ces événements surviennent alors que les Territoires palestiniens, Israël et Jérusalem connaissent un regain de violence inédit depuis la deuxième intifada, qui se solde depuis le 1er janvier, par la mort de près de 40 Palestiniens et sept Israéliens.
Toutes les Églises font bloc face à ces méfaits qui les touchent avec une intensité et une régularité jamais observées auparavant, alors même que les actes anti-chrétiens sont une réalité depuis des années. Statistiquement, l’augmentation est indubitable: neuf actes touchant des chrétiens ou la présence chrétienne ont été recensés en 2021, treize en 2022. Déjà cinq en 2023.
«Ce n’est pas une coïncidence que la légitimation de la discrimination et de la violence dans l’opinion publique et dans l’environnement politique actuel en Israël se traduisent en actes de violence contre la communauté chrétienne», a affirmé le custode de Terre Sainte, frère Francesco Patton dans un communiqué condamnant l’incident et appelant le gouvernement israélien à garantir la sécurité des différentes communautés et minorités religieuses.
Il convient cependant de nuancer l’aspect purement «anti-chrétien» de ces incidents. Un terme dont les réseaux sociaux sont prompts à s’emparer. Les derniers en date, généralement perpétrés par de jeunes juifs radicaux, ne visent pas explicitement les chrétiens, mais plutôt tout ce qui n’est pas juif.