Par Didier Berret
Une belle catéchèse de Marie se déploie dans les évangiles à travers sept paroles. Un legs parcimonieux mais d’une telle densité qu’il contient l’essentiel du cheminement chrétien.
Sa première parole pose une question existentielle: «comment cela sera-t-il…?» (Luc 1,34) Question de toutes les mères et de tous ceux qui s’interrogent sur le miracle de la vie. Question abyssale des origines, du sens et du destin de l’Homme. «Comment est-ce possible, où allons-nous? pour qui? pour quoi?» Comme si ces premiers mots touchaient du doigt le Verbe au commencement du monde.
L’engendrement du fils de Dieu débute avec ces premiers mots et s’accomplit déjà dans la deuxième prise de parole de sa mère: «Je suis la servante du Seigneur. Qu’il m’advienne selon ta parole» (Luc 1,38). L’assomption s’enracine dans ce oui sans réserve.
La troisième parole est implicite et silencieuse: «Marie salue Elisabeth» écrit Luc. (Luc 1,40) Dans la langue et les coutumes du pays, cela signifie qu’elle lui souhaite la paix. Un grand shalom ou salam parfume les montagnes de Judée et fait déjà écho aux vœux de Jésus à ses disciples après la résurrection. La paix à la hauteur de la rencontre entre ces deux femmes et les vies qu’elles portent. La paix à la hauteur de la rencontre entre les hommes et Dieu.
La quatrième intervention de Marie, la plus longue de toutes se déploie dans le chant du Magnificat de l’évangile du jour. Marie n’invente rien. Elle ne plagie pas pour autant. Elle reprend du déjà-dit, mais l’agence de façon nouvelle. Ces mots qui s’émerveillent de l’action de Dieu dans l’histoire des hommes débordent du cœur de celle qui les a longuement intériorisés. La mère du Verbe de Dieu accueille en sa chair Celui qu’elle avait depuis toujours accueilli en sa foi. Comme si sa parole n’offrait qu’une résonance à la Parole. Assomption du Verbe que Marie accueille en sa chair et accomplit en sa vie.