Par Bernard Miserez
A lire les évangiles, Jésus est souvent en chemin. Le voilà aujourd’hui en territoire païen. Comme souvent, parce que sa renommée le précède, il est interpellé par des gens de tous bords. Il y a foule d’ailleurs ce jour-là. Un groupe de personnes lui amène un sourd qui avait du mal à parler. On devine leur intention quand ces gens supplient Jésus de poser la main sur lui.
Ils espèrent, sachant que Jésus est puissant non seulement dans sa parole mais aussi dans ses actes. Mais, étonnamment, Il emmène cet homme à l’écart, loin du brouhaha de la foule. N’est-ce pas la manière de Dieu de prendre soin de son peuple : il l’avait emmené à l’écart pour parler à son cœur (Osée 2,16). Le sourd-muet pourrait bien être une figure du peuple de Dieu, un peuple dur d’oreille?
Jésus ne ménage pas ses gestes. Il prend le temps, ne répugne pas de toucher notre chair. Avec ses doigts, sa salive, il travaille sur le corps pour creuser l’oreille de cet homme jusqu’à ce qu’il entende et pour libérer sa langue jusqu’à ce qu’il parle. Elle se voit là, la proximité du Christ, toujours en train de nous donner vie.
Nous ressemblons à cet homme dont la surdité isole et emmure. Notre solitude, plus vive encore depuis la crise sanitaire, nous a peut-être recroquevillés davantage sur nous-mêmes. Notre écoute a subi tant d’interférences et notre capacité à entendre les cris du monde et des pauvres s’est rapetissée sans que nous nous en rendions compte.