Méditation du diacre Didier Berret.
Dans son Quart-Livre, François Rabelais raconte la savoureuse histoire de Panurge, un des compagnons de Pantagruel. Au moment où il tente d’acquérir un mouton, son vendeur fait monter l’enchère outre mesure, prétextant que sa bête fait partie de la race de la Toison d’Or. Panurge, vexé d’avoir été grugé se venge en jetant son achat à la mer. L’esprit grégaire opère sans surprise et provoque les ravages attendus: le troupeau tout entier suit le premier mouton et se noie, entraînant du surcroît avec lui le marchand qui tente de les retenir!
Va donc pour l’image de Jésus, bon berger. Par contre, son corollaire de peuple-troupeau reste en travers de la gorge. D’autant que l’histoire de l’Eglise – ou plus largement celle de l’humanité – excède de mauvais exemples. Quiconque a eu l’occasion de voir le film au ton autobiographique de Sarah Suco, Les Eblouis, sorti en 2019, pourrait bien voir des petites lumières rouges s’allumer dans sa tête au moment de la proclamation de cette phrase d’Evangile «Je suis le bon Berger!»
D’autres avant et après Jésus se la sont appropriée au point de la dévoyer en exploitant la crédulité de brebis égarées, et en se révélant après coup, beaucoup plus proches du loup que du pasteur!