Par Bernard Miserez
C’est déjà tout un art de poser une question. Lorsque les pharisiens s’adressent à Jésus pour lui demander s’il est permis à un homme de renvoyer sa femme, ils tombent eux-mêmes dans le piège qu’ils lui avaient tendu. Poser des questions aux frontières du permis ou défendu est radicalement réducteur et demeure sans appel. Quand la loi prend la place du projet de Dieu, il arrive qu’elle empêche la vie du haut de son illusoire prétention.
Jésus, comme à son habitude, ne se laisse pas prendre dans le filet de l’hypocrisie de ses interlocuteurs. Il ne s’agit pas d’une question juridique. Il invite ceux qui l’interrogent à regarder l’origine, le commencement de l’histoire. Pour cela, il rappelle le dessein de Dieu. « Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Mc 10, 6-8
Ce projet de Dieu pour tout couple humain n’est pas l’expression d’une étroitesse de vue, enrobé de moralisme culpabilisant. Au contraire, ce projet trouve sa source et sa forme en Dieu lui-même. «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu, il le créa, homme et femme, il les créa.» Gn 1, 27
Le couple humain devient ainsi révélateur de Dieu. Il en porte les traits et l’amour dont il vit donne à voir l’amour de Dieu lui-même. La force du couple qui se risque dans une telle mission réside avant tout dans l’unité qui lui est donnée. Oui, l’unité est première. Elle est un don à recevoir. Elle n’est pas un but comme nous le pensons souvent. Elle se reçoit pour vivre nos différences comme des richesses. L’unité n’est pas uniformité, elle est plurielle et symphonique.