Par Didier Berret
11 septembre 2001. Vingt ans déjà. Le temps passe, inexorablement, imprimant des pages d’histoires sans retour. Chaque seconde qui naît, s’échappe sitôt conçue et disparaît sans ne jamais plus revenir, nous révélant avec sa mort que nous marchons immanquablement vers la nôtre. Le temps défile, défie et disparaît, comme les tours de Wall Street. Il nous emporte dans son flot, provoque de l’érosion, frotte, altère, jusqu’à venir à bout de nos corps.
Le temps passe et use, nous courbe, laissant des cicatrices et révélant nos fragilités. Plus encore pour ce peuple en exil qui subit les marques dégradantes du temps perdu où chaque heure passée attise en lui la douleur, la nostalgie et les regrets.
Et voici qu’au cœur de ce peuple en déroute, une figure énigmatique – on l’appellera le serviteur souffrant – pointe le doigt sur autre chose. Le serviteur souffrant souffre aussi, mais dans sa douleur il découvre une présence aimante qui lui ouvre un espace sur une dimension nouvelle. Chaque minute avant de s’éteindre commence toujours par se donner.
L’exil emporte au loin, condamne l’intime à la périphérie, bannit le ›je’, condamne au vide, Le serviteur prophète choisit d’assumer, d’accueillir, d’être présent: «le Seigneur m’a ouvert l’oreille, je ne me suis pas dérobé, je ne me suis pas protégé».