Par Didier Berret
Elle tombe à pic cette petite phrase d’évangile au milieu de l’été. Elle a la saveur d’une bière sur une terrasse de bord de mer à siroter aussi longtemps que des bateaux passent. Elle a la délicatesse d’une tape d’encouragement sur l’épaule de la part du patron reconnaissant du labeur accompli.
Elle mériterait d’être lue lentement, enrobée de silence, méditée patiemment. Et pour une fois, après la lourdeur d’une année de pandémie, elle suffirait: «chers frères et sœurs, ce dimanche l’évangile ne contient que quatre mots: «reposez-vous un peu!» Punkt Schluss! Musique douce, portables éteints, respiration profonde et gratitude éternelle d’être amis d’un Dieu si bon.
«Reposez-vous un peu!» Sitôt dit… sitôt dit! Pauvres disciples! Leur désert espéré ressemble plus à une patinoire qu’à une plage de sable fin. Le vœu bienveillant de Jésus méritait pourtant une réalisation immédiate, mais en guise de paix et de silence, la Piaf hausse la voix: «Emportés par la foule, qui nous traîne, nous entraîne…» la rengaine lancée, impossible de freiner.
Une traque impitoyable les débusque. Les gens désorientés sortent de partout, courent à leur poursuite, contournent le lac, ne leur laissent pas le temps de descendre du bateau ni de manger. Cette foule a faim. De pain, d’espérance, de perspectives, de paroles vraies. Ils ne savent plus par quel bout s’y prendre. Déboussolés, ils ressemblent à des brebis sans berger.