Par Didier Berret
«Impossible pour les hommes d’être sauvés!» affirme Jésus, le Sauveur! «Plus facile à un chameau…» pfff… Rien ne sert donc de courir, ni même de partir à point comme ce jeune homme bien sous tous rapports depuis son plus jeune âge. Un fils modèle, respectueux, fidèle, rempli de zèle et bien poli: «Bon maître…» demande-t-il à genoux. Et voilà qu’une première douche froide s’abat sur lui: «pourquoi dire que je suis bon? Personne n’est bon…» Ah bon? Jésus aurait-il pressenti qu’à travers sa question, ce jeune héritier venait présenter son carnet de notes pour recevoir une récompense?
Les juifs portent sur leur tête un morceau de ciel, un bout de tissu qu’ils appellent kippa, voûte céleste. Une manière de leur rappeler que leurs plus hautes prétentions s’arrêtent à moins de deux mètres. Oui il faut être bon, bien sûr, le plus possible, même «un peu trop pour l’être assez» comme le suggérait malicieusement Marivaux, mais se souvenir dans le même temps que le plus petit dans le royaume des cieux… est bien meilleur! Être bon comme une bougie est lumineuse, brûler de tout son cœur. Mais le soleil, c’est autre chose! « Dieu seul…»
«La quête de vertu pour soi-même, comme la richesse met l’être en position fœtale, le recroqueville sur lui-même.»
La réponse un peu cash de Jésus vient mettre un premier coup de frein au désir illusoire de vouloir tout faire juste. Le royaume de Dieu ne se gagne pas aux nombres de crédits comme un diplôme universitaire et il ne suffit pas de cocher toutes les cases des commandements pour remplir les conditions d’admission. «Maître, tout cela je l’ai observé…» Un «bravo» aurait pu jaillir. Mais Jésus patiente dans sa réponse. Non pas qu’il cherche ses mots, non! Il attend parce qu’il tisse un lien, lentement. La phrase, délicieuse, mérite une longue pause dans la lecture: «Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima»