Méditation de soeur Véronique
Nous avons tous en mémoire des moments où sonne l’heure de séparations douloureuses: quitter un groupe chaleureux, un ami proche ou plus déchirant encore, un membre de notre famille emporté dans la mort. Avec quelle attention recueillons-nous les derniers gestes, les dernières paroles…
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus sait qu’il passe ses derniers instants avec ses disciples et il leur dit de quelle affection il les a aimés: «Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.»
Dimanche dernier, la parabole de la vigne montrait que le sarment ne peut vivre et porter du fruit que s’il demeure enté sur le cep. De même le disciple ne participe à la vie divine qu’en étant greffé sur le Christ. Par cette image, Jésus exprime la relation nouvelle qu’il est venu établir entre Dieu et les hommes: celle d’une relation intime et féconde, qui est relation dans l’amour.
C’est le sommet de la révélation: la connaissance dévoilée par le Fils, d’un Père qui est Amour et avec lequel le Fils entretient un lien unique d’intimité. Mais si ces relations sont évoquées, elles ouvrent tout aussitôt des perspectives concernant l’humanité, c’est-à-dire nous tous aujourd’hui. Cela laisse entendre que l’amour qui lie les personnes divines, loin de les replier sur elles-mêmes, les ouvre nécessairement vers autrui. Tout ce que le Fils reçoit du Père, c’est pour le donner. Et l’amour dont il est aimé est l’aune dont il aime ses disciples.