Par Didier Berret
Quelques jours après la célébration des funérailles d’un homme dont la réputation ne faisait pas l’unanimité au village, un de ses voisins croisé par hasard dans la rue, m’apostrophait avec un ton gentiment réprobateur: «… De toute manière, il aurait pu faire n’importe quoi, vous finissez toujours par en dire du bien!»
Peut-être aurait-il voulu que l’on garde les bons mots pour les braves gens et que l’on mette en relief les défauts des moins recommandables? La voie publique s’en charge d’elle-même. Pourquoi faudrait-il centrer le focus sur les épines alors qu’elles cachent des bourgeons de roses ou de mûres ou de figues de barbarie? Autant révéler la promesse du fruit occulté par les ronces puisqu’à l’heure dernière, le fruit mûrit et l’épine tombe.
Mais dans sa grogne pataude, mon interlocuteur mettait le doigt sur une véritable carence des relations humaines: «Vous finissez toujours…» Il avait raison! On ne devrait pas finir, mais bien commencer! Dire du bien depuis le début! Pas en inventer, pas naïvement, pas en exagérant, pas en dire pour en dire. Il faut que les mots soient vrais.
Mais dire du bien en regardant plus loin, en cherchant ailleurs, derrière les poutres et les pailles qui masquent le regard. En contemplant les yeux. Dans la langue de Jésus, on dit qu’ils sont la source. On ne voit jamais jusqu’au fond des yeux. Les iridologues y scrutent des symptômes de dysfonctionnement du corps, mais ils restent en surface.