Par Philippe Matthey
Jésus va son chemin… Après la mer et ses rives étrangères, puis la montagne et ses sommets de lumière, il traverse la Galilée, terre familière avec les siens. Tous les lieux de vie, les plus proches comme les plus lointains, les plus hauts comme les plus bas sont ainsi habités par le Fils de l’homme. Là où sont les hommes, Dieu est présent non comme un simple visiteur mais comme un serviteur solidaire de notre condition humaine.
Nous savons par la foi que ce chemin est aussi celui de la croix. Par son enseignement, Jésus nous apprend le chemin de la fidélité de Dieu. Il va jusqu’à affronter la mort en donnant sa vie pour ceux qu’il aime et ouvrir par là un chemin de liberté : ressuscité pour une vie nouvelle. Ses disciples, autre nom de ceux qui reçoivent l’enseignement d’un maître, ne comprennent rien. Trois d’entre eux avaient été les témoins de la transfiguration de leur Seigneur sur la montagne : comment accepter qu’il descende dans les ténèbres de la mort? Ils sont paralysés par la peur qui les ferme à tout dialogue.
Pas étonnant alors qu’ils cherchent un autre chemin. Et là ils tombent dans le piège de se grandir eux-mêmes en cherchant à obtenir la première place. Ils n’ont pas compris que cette place leur était offerte par Jésus en les guidant sur un chemin de croissance, celui du service. Le vrai serviteur est celui qui, attentif aux besoins de l’autre, donne de lui-même pour y répondre. Jésus inverse ainsi le mouvement comme il en a l’habitude: c’est en se faisant petit aux pieds de ses disciples qu’il leur donne leur vraie dimension, celle du frère bien-aimé.