Par l'abbé Bernard Miserez, gardien dun Vorbourg
Il est des réalités indéfinissables. Par exemple, quand nous parlons de l’amour, nous évoquons des images. C’est comme ceci, comme cela. Les poètes, dans leur ivresse, chantent à l’infini la passion des amoureux. D’autres, comme des artistes peintres, dépeignent avec pudeur les blessures et les échecs de l’amour. L’amour, ça ressemble à quoi? Chacune et chacun, dans son expérience humaine, aura goûté à cette saveur unique pour donner sens à sa vie.
Quand Jésus parle du Royaume, il emploie aussi des images ou plutôt des paraboles. Comment comprendre et accueillir le Règne de Dieu? Toute la prédication de Jésus, tous ses gestes, toute sa vie nous ouvrent sur cette réalité insaisissable du Royaume de Dieu. Il est poète, lui aussi. Son regard sur les réalités les plus quotidiennes lui évoque ce mystère dont il annonce la présence. Le Règne de Dieu est au milieu de vous!
Alors, en quoi la semence jetée en terre et la graine de moutarde peuvent-elles ressembler au Règne dont Jésus parle ? Prenons la semence. Jetée en terre, elle pousse toute seule, sans l’intervention humaine. Elle grandit, de jour et de nuit. Elle produit du fruit avec abondance. Au fait, elle est un mouvement autonome de croissance.
Le Royaume de Dieu ne dépend pas de nous. Il est donné gratuitement, semé dans la terre de notre vie. Il pousse en toute humilité au milieu de nos tracas et de nos soucis. Il grandit, telle une promesse d’abondance, et nous ne savons pas comment. La dynamique du Royaume nous échappe et personne n’a de maîtrise sur lui. Un jour, une paroissienne m’avait donné sa définition de la grâce: «C’est comme la neige, me dit-elle. Ça tombe sans faire de bruit et ça recouvre tout.» La grâce est donnée dans la vie toujours à recevoir de Dieu.