Par Bernard Miserez
Évidemment, les paroles de Jésus sont dures à entendre. Ceux qui l’ont suivi ce jour-là et qui ont été nourris de pain et de poisson avaient manifesté leur enthousiasme au point de le faire roi. Incroyable cet homme de Nazareth! Un prophète puissant capable de multiplier le pain. Mais le prodigieux miracle n’est qu’un signe. Il évoque une réalité autre qu’un simple partage de pain, aussi fraternel soit-il. Il s’agit d’une nourriture qui empêche de mourir. Pour cela, Jésus se révèle être lui-même le pain qui descend du ciel. Cette révélation heurte la foule. Elle la provoque. Beaucoup récriminent contre lui comme le firent jadis leurs pères dans le désert de l’Exode.
C’est la crise. «Qui est-il celui-là? Ne connaissons-nous pas son père et sa mère? Pour qui se prend-il?» Cette foule déconcertée refuse d’entrer dans le mystère de Jésus. Elle en reste à ce qu’elle sait de lui, de ses origines et de sa parenté. En figeant ainsi l’identité de Jésus, la foule se braque et ne peut rien entendre. Il suffirait d’aller plus loin et d’accueillir avec confiance la parole du Maître. Tant que nous mesurons à notre mesure le mystère de Dieu, nous demeurons dans l’inconfort de nos certitudes.
Jésus le sait. Il n’abandonne pas. Il révèle ici sa pleine identité. «Je suis le pain vivant qui descend du ciel. Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.» Toute la mission de Jésus est ainsi connue. Seule la foi nous fait entrer dans le dessein de Dieu. C’est pour la vie du monde que le Christ est venu. Mais, de quelle vie s’agit-il? Non pas la vie de nos mondanités, mais la vie même de Dieu, partagée avec chacune et chacun.