Par Didier Berret
Les traditions juives racontent que la tente d’Abraham avait des ouvertures sur ses quatre côtés afin que Sara et lui puissent rester vigilants au passage de chaque voyageur et leur permettre ainsi d’être tous accueillis. Cette hospitalité légendaire traduit la bienveillance généreuse du premier patriarche grâce à laquelle des foules innombrables le reconnaissent encore aujourd’hui comme «père des croyants» au-delà des appellations et des appartenances religieuses.
Ce comportement largement répandu en Orient contraste pourtant dans cette page d’Évangile avec la cité de Nazareth. Pourtant située dans cette Galilée – carrefour des nations – la ville est flanquée au sud-ouest d’un escarpement rocheux qui lui ferme un accès au reste du monde. Serait-ce ce cul-de-sac géologique qui provoqua parmi les habitants de la bourgade ces étranges sentiments de repli?
Tout avait pourtant bien commencé: Jésus l’enfant du village revient. Il rejoint les siens dans le lieu de rassemblement par excellence, la synagogue, pour partager la Parole et vivre la communion. Mais sa présence au cœur de cette salle intime provoque des réactions de censure. Les appels d’Isaïe au salut pour tous, lus et commentés par Jésus, réveillent des peurs d’avoir moins et d’être oubliés.
Des «nous d’abord» surgissent, défigurant l’appel au soin de l’autre et à la priorité du plus pauvre. La primauté du terroir réclamée par les citoyens occulte le véritable lieu d’origine de Jésus: son Père. La priorité accordée au sang supplante celle de l’Esprit.