Par Bernard Miserez
Ces femmes qui se rendent au tombeau de Jésus, au petit matin, portent la question que se pose chaque humain? «Qui nous roulera la pierre?» N’est-il pas vrai que notre vie est quelque fois écrasée par le malheur et l’angoisse? Face à ces événements qui semble tout ravager sur leur passage, la question est de taille. Qui va m’aider, qui va me sortir de là, de cette mort aux mille visages dont la froideur n’a rien de comparable. Des relations blessées, des deuils, des ennuis graves de santé, de la perte de sens de la vie, des familles éclatées… qui nous roulera la pierre?
L’Évangile ne manque pas de réalisme. La Résurrection de Jésus n’est pas un heureux évènement à commémorer. Elle est à vivre comme une expérience, ici et maintenant, pour que la Vie surgisse en nous. Pâques du Christ, passage de la mort à la vie ! Seulement, accueillir la Bonne Nouvelle de Pâques ne va pas sans consentir au mystère du mal et de la mort. En accompagnant ces femmes devant le tombeau, il y a lieu de ressentir comme elles l’effroi et le scandale de la mort de l’Innocent. Aujourd’hui, la terreur générée par cette guerre d’Ukraine donne à voir le mal destructeur et les victimes innombrables, déracinées et désespérées. Qui nous roulera la pierre face à l’innommable? Cette impuissance tenace sclérose parfois notre goût de vivre, notre courage et notre foi.
«Voilà le secret de Pâques: tout devient possible. Même la mort perd son pouvoir sur nous. Le Ressuscité l’a vaincue pour toujours.»
Arrivées au tombeau, ces femmes découvrent la pierre enlevée. Ébahies, saisies d’effroi, devant le mystère de l’absence, «elles passent, sans se rendre compte, d’une absence interdite à une absence offerte qui ouvre sur tous les possibles» comme l’écrit Paul Baudiquey.[1] Voilà le secret de Pâques: tout devient possible. Même la mort perd son pouvoir sur nous. Le Ressuscité l’a vaincue pour toujours.