Par Philippe Matthey
C’est le lien avec nos parents qui nous donne d’être filles et fils. Si ce lien n’existe plus, alors nous perdons une part essentielle de notre identité et sommes livrés à nous-mêmes. Comment entretenir ce lien? C’est l’enjeu de la confrontation que le diable impose à Jésus au début de notre chemin de Carême.
Quittant les bords du Jourdain après son baptême Jésus va vivre sa vie de Fils bien-aimé du Père. La déclaration de Dieu portée par l’Esprit-Saint nous le désigne comme Fils de l’amour. L’évangéliste Luc, qui nous accompagne cette année, a pris soin de situer Jésus dans sa généalogie pour que nous comprenions qu’il est en même temps Fils de l’homme. Toute sa vie divine et toute sa vie humaine sont concentrées dans cette identité existentielle de sa filiation avec le ciel et la terre.
Or voilà que ce bel idéal est malmené par les épreuves de la vie dont l’une des pires est la division. Nous en faisons l’expérience dans nos propres existences ainsi que dans la vie du monde si cruellement déchiré par les guerres de tous horizons et en particulier en ce moment en Ukraine. Le diable a encore frappé! Lui dont le nom signifie «le diviseur», celui qui désunit.
En proposant à Jésus de profiter de sa situation pour bénéficier de prodiges à son unique avantage, le diable s’en prend au lien qui le relie à son Père. En le séparant de l’amour originel il annule son être même et donc aussi sa mission en ce monde. Jésus qui dans l’évangile de Jean déclare qu’il ne peut rien faire par lui-même, refuse d’être replié sur lui-même et son intérêt personnel. S’il est venu parmi nous c’est pour que le monde soit sauvé. La parole de ce jour nous indique de quoi nous sommes sauvés.