Beate Gilles a été élue secrétaire générale de la Conférence des évêques allemands, le 23 février 2021. C’est la première fois qu’une femme, et une laïque, occupe ce poste clé. Pourquoi a-t-elle pris ses fonctions? Comment envisage-t-elle sa collaboration avec les 68 évêques du pays? Et que pense-t-elle des préoccupations des autres femmes en matière de réforme?
Par Ludwig Ring-Eifel/KNA et Björn Odendahl / Traduction et adaptation Bernard Hallet
Le jésuite Hans Langendörfer a été secrétaire de la conférence des évêques allemands pendant près de 25 ans. Avant lui aussi, seuls lui seuls des prêtres ont occupé la fonction. Beate Gilles, actuelle directrice du département de l’enfance, de la jeunesse et de la famille du diocèse de Limbourg, sera la première femme à occuper ce poste.
Lors de sa première conférence de presse, Beate Gilles s’est concentrée sur l’avenir de l’Église en Allemagne et le Chemin synodal. Katholisch.de, le site de la conférence épiscopale allemande, et l’agence KNA se sont entretenues avec elle à ce sujet ainsi que sur la question de savoir comment elle entend traiter des préoccupations de réforme notamment sur la place des femmes en Eglise.
Mgr Georg Bätzing, lorsqu’il a été élu président de la Conférence épiscopale l’an dernier, a déclaré qu’il aurait préféré fuir cette tâche. Avez-vous le même sentiment?
Beate Gilles: Quand la proposition est arrivée, ce fut aussi mon premier réflexe. J’ai pensé à beaucoup de choses pour la refuser. Cela avait moins à voir avec le travail lui-même qu’avec la situation globale de l’Eglise. Mais j’ai ensuite réalisé que je suis déjà dans une position où je je travaille pour et dans l’église. En outre, il s’agit non seulement d’une période critique pour l’Église, mais aussi passionnante, dans laquelle beaucoup de choses ont déjà commencé à bouger. Alors je me suis dit: je ne fuis pas, mais je veux participer.
Que voulez-vous faire dans votre nouveau rôle?
A l’avenir, encore plus que dans ma précédente fonction, à Limbourg, je vais travailler sur les grands thèmes qui concernent l’Eglise dans son ensemble. Tout d’abord, il y a la dimension sociale, c’est-à-dire la question suivante: quand est-il important que l’Église catholique fasse entendre sa voix? La deuxième dimension concerne les questions centrales au sein de l’Église. Et une troisième dimension pour moi est le travail de l’Association des diocèses allemands. Où pouvons-nous créer des synergies entre les diocèses? Où devons-nous économiser de l’argent? Et quels projets interdiocésains voulons-nous privilégier?
À l’avenir, vous aurez également un rôle important dans le Chemin synodal Quel est votre avis sur le processus?
J’ai suivi le Chemin Synodal de manière intensive en termes de contenu, mais je dois maintenant me familiariser avec les structures. Ma première impression est qu’il est particulièrement important de préparer soigneusement les échanges. Par exemple, j’ai senti que certains membres avaient moins peur de présenter leur position online. J’ai également noté que dans les forums synodaux, les gens sont à des stades différents et que les sujets sont également discutés avec une intensité différente.
Dans le diocèse de Limbourg, vous avez également travaillé sur des projets consacrés à la pastorale des couples en situation dite irrégulière – par exemple, les homosexuels. Que voulez-vous apporter dans ce domaine?
Dans le Chemin synodal, les questions sont déjà sur la table. Dans le diocèse de Limbourg, nous avons traité le sujet sous le slogan «Demande de bénédiction». Il m’est apparu clairement que la réponse à la question de la bénédiction ne peut être simplement «oui» ou «non», mais que la situation est plus différenciée. Nous avons pris le parti de demander aux scientifiques de nous faire part de leurs commentaires de leur point de vue respectifs- avant le début du chemin synodal. Nous avons ainsi rassemblé un témoignage ecclésiastique contemporain passionnant, car on remarque que ce retour d’information s’est avéré beaucoup plus modéré qu’après la première assemblée synodale. Les questions sont maintenant discutées ouvertement et clairement.
Vous connaissez très bien l’évêque de Limbourg, Georg Bätzing, président de la conférence épiscopale. Que ferez-vous concrètement pour mieux connaître ses collègues de travail?
Je vais certainement chercher à dialoguer avec les évêques individuellement. Mais je vais aussi leur demander de me donner quelques contacts supplémentaires dans leur diocèse. Il est vrai que j’ai quelques contacts issus de mes précédentes activités. Mais je voudrais apprendre à mieux connaître les différents diocèses. (cath.ch/dbk/kna/bh)