Un appel à la joie
Des sourires, de la spontanéité, des partages et beaucoup d’humour étaient au rendez-vous lors de la célébration de Noël organisée par l’aumônerie œcuménique des personnes handicapées (AOPH) sur le thème 1,2,3… Noël.
Durant cette soirée du 20 décembre qui s’est déroulée au Centre l’Avenir à Delémont, des personnes en situation de handicap, en collaboration avec l’AOPH des Eglises catholique et réformée, ont mis en scène le conte Le recensement d’Auguste. Cette célébration inclusive a été pensé et adapté par les participants selon les talents de chacun et en fonction du groupe qui était présent à cette soirée. Au travers de cette célébartion, nous sommes invités à sortir des normes et des préjugés pour nous ouvrir à leur univers.
Un recensement à Bethléem
Un jour, l’Empereur Auguste ordonna un recensement à Bethléem. Chaque et chacune devait aller s’inscrire dans sa ville d’origine. Des compteurs, dont Nathan fait partie, avaient été engagé pour effectuer ce travail. La règle était simple : Un homme vaut UN point, une femme UN DEMI-point, les enfants, les étrangers et les sans-domicile fixe valent ZERO. Joseph, accompagnée de sa femme Marie qui va bientôt avoir un bébé, part se faire inscrire dans sa ville d’origine. Tout deux quittent donc Nazareth pour se rendre à Bethléem. Au bout de quelques jours, Nathan voir arriver un homme et sa femme enceinte assise sur un âne. Le compteur, voulant bien faire son travail, ne compte pas un de plus, pas un de moins. En discutant avec Joseph, il a les renseignements qu’il cherchait : un homme, un point ; une femme, un demi-point et un bébé pas encore venu au monde, ne compte pas ! Au cours de ce périple, Nathan voit défiler tour à tour des bergers et des Rois mages qui se rendent auprès d’un nouveau-né, mais aucun ne compte.
Son travail terminé, Nathan s’affaire à faire ses comptes. Soudain, le vent se lève et emporte toutes ses feuilles sur son passage. Ne voulant pas perdre son travail, il se remet à compter. Arrivé à l’étable au Marie vient de mettre au monde son enfant, Nathan se dit que les calcules vont être facile car il reconnait les personnes présentes : Les Mages ne valent rien, les bergers non plus, Joseph vaut un et Marie vaut un demi. Mais il y a quelque de nouveau dans cette étable, quelqu'un que Nathan n’a pas encore rencontré. Un petit enfant, Jésus. En le voyant, Nathan à une révélation : Ce petit être-là va compter. Il regarde à nouveau les personnes présentent dans l’étable et voit tous ces regards. Eux aussi vont compter. En refaisant sa liste, Nathan attribue un point à chaque personne, peu importe son genre, son âge et son origine. A la fin du recensement, Nathan se retrouve avec beaucoup plus de personnes sur sa liste. Ce n’est pas étonnant, lorsqu’on compte avec le cœur, chaque personne a de la valeur.
Du temps de Jésus, chaque personne comptait, mais aujourd'hui aussi chaque personne compte. Pour montrer que chaque personne est précieuse, les membres du public ont été invité à déposer leur prénom dans des plateaux.
« Ce qui compte le plus, c’est ce que nous avons dans le cœur et ce que nous sommes aujourd’hui »
Dans son intention de prière du mois de décembre 2023, le Pape François appelle l’Eglise, la société et les institutions à porter attention aux personnes en situation de handicap qui souffrent d’un « rejet basé sur l’ignorance ». Le pontife nous demande de nous ouvrir, aussi bien dans la société que dans la vie de l’Eglise, aux contributions et aux talents de ces personnes aux besoins et aux capacités différentes. Nous sommes tous apprenants.
Selon François Brahier, responsable du service des personnes handicapées du Jura Pastoral, « nous avons tous nos fragilités mais ça ne nous empêche pas de briller ». Cette célébration avait pour but d’associée ces personnes en situation de handicap dans un projet qui respecte le rythme de chacun et qui leur permet de faire leur propre choix : « ils sont dans leur être, dans ce qui se passe en eux. Notre rôle n’est pas de leur dire ce qu’ils doivent faire, ni comment ils doivent croire, mais plutôt de les accompagner dans leur cheminement. Les impliquer dans le processus nous permet de nous rapprocher d’eux en fonction de ce qu’ils sont, là, aujourd’hui. » Dans cette démarche en douceur, l’animateur pastoral rappelle que chaque handicap est différent et que parfois, les mots ne veulent pas dire grand-chose : « ils sont parfois comme une fleur qui se referme ou s’ouvre selon leur humeur. Il est donc important de travailler avec leurs ressentis et les cinq sens pour faire vibrer leurs émotions. Il faut toujours se demander comment eux voient les choses et considérer leurs choix, leurs choix d’aujourd’hui ».
Au cours de cette soirée, les personnes présentes se sont peut-être senties émerveillées, surprises, bousculées parfois émues ou révoltées mais ce qui semble être sûr, c’est que chaque personne a fini par être touchée au plus profond de son être.
Nous avons tous en nous la lumière que le Christ nous a apporté le jour de sa naissance et lorsqu’on compte avec le cœur, chaque personne compte.