Les dominicaines d’Estavayer-le-Lac, les capucines de Montorge, les bernardines de Collombey, les cisterciennes de la Fille-Dieu, celles de la Maigrauge et de Géronde sont toutes des boulangères du Bon Dieu. Elles invitent les prêtres, sacristains, présidents de paroisses, et toute personne concernée à se fournir en hosties auprès de monastères locaux plutôt qu’à l'étranger. Depuis quelques mois, des paroisses ont disparu des carnets de commandes d'hosties des religieuses et la tendance s'accentue.

«Nous proposons des grains de froment mûris sur nos terres, moulus dans les moulins de la région, des hosties façonnées et conditionnées artisanalement par les moniales, dans un climat de prière où personne n’est oublié: paysans, meuniers, prêtres et fidèles. Les sœurs âgées y trouvent un travail à leur portée, les enfants du catéchisme une bonne raison de nous visiter. Notre travail est issu d’une tradition, et génère des relations», expliquent les religieuses.

Votre fidélité est notre gagne-pain

Les communautés religieuses constatent qu’elles ne peuvent rivaliser avec des productions industrielles provenant de lieux où le coût de la matière première et de la main-d’œuvre est jusqu’à dix fois moins cher. Elles ajoutent que la communion hebdomadaire revient, par personne, à un coût annuel inférieur au prix d'un café.

«Dans l’Eucharistie, Dieu lui-même se donne en nourriture… Est-ce bien en ce domaine qu’une économie doit se faire?», questionnent les religieuses. «Votre fidélité est notre gagne-pain; acheter nos hosties, c’est faire corps à notre Église locale, et se rendre participant au projet de Dieu qu’est la vie monastique en ce lieu.»

Les Sœurs Bernardines de Collombey ont investi dans une nouvelle installation de production d’hosties en mars 2015. “Un pari sur l’avenir” pour une communauté vieillissante qui n’a d’autre choix que de poursuivre la production d’hosties, dont elle tire les deux-tiers de ses revenus...

Rude concurrence étrangère

De 185’000 francs de chiffre d’affaire en 2011, l’activité est passée à 164’000 francs l’année suivante. La baisse de fréquentation des églises et donc des communions, explique en partie cette chute. Autre facteur qui accentue cette tendance, la concurrence étrangère. Sœur Marie-Paule soupçonne des paroisses, dont le nom a disparu des carnets de commande, de se fournir en Pologne, en Italie ou en France voisine, via internet. Afin d’éviter la concurrence entre les communautés suisses, le prix unique de 70 francs par 1’000 hosties a été fixé par la Conférence des évêques suisses (CES). Des sites de vente en ligne français demandent entre 15 et 20 francs par paquet de 1’000 hosties, selon leur épaisseur. Certains sites italiens proposent la même quantité entre 7 et 8 francs. Les hosties polonaises, fabriquées dans un marché beaucoup plus grand et par des laïcs, sont proposées à environ 3,60 francs les mille.

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