Didier Berret, l'Homme en quelques lettres
Qu’est-ce que l’Homme ? Telle est l’interrogation proposée - comme un fil rouge - par l’abbé Bernard Miserez aux messes de 10h des quatre dimanches du temps de l’avent au Vorbourg. Après le juge Pierre Lachat et ses contes, le gardien de la chapelle a invité Didier Berret, diacre et bibliste, pour apporter son éclairage sur la question.
Comme huit jours auparavant, ce ne sont pas moins de deux cents personnes qui sont montées au Vorbourg pour assister à la messe du deuxième dimanche du temps de l’avent. Les bancs bondés, le chœur plein, la tribune comble (avec juste un espace pour permettre à André Chenal, l’organiste, de surveiller « ses arrières ») et pourtant, comme il y a huit jours, de nombreux pèlerins sont restés debout dans les allées et au fond de la chapelle. En voyant le monde massé dans « son » sanctuaire, Bernard Miserez laisse échapper un trait d’humour : « Vous êtes peut-être un peu serré… mais c’est bien d’être au coude à coude pour prier ! »
Pour ce deuxième dimanche de l’avent, Bernard Miserez accueille deux invités : Didier Berret, diacre responsable de l’Unité pastorale des Franches-Montagnes, bibliste reconnu et convié pour évoquer l’Homme dans la Bible ; ancien prêtre de l’Equipe pastorale de Delémont, aujourd’hui gardien (responsable) du couvent des capucins à Fribourg, frère Abhishek Kumar Gali est venu en ami pour concélébrer l’Eucharistie.
Du monde dans la Bible
Debout derrière l’autel, Didier Berret présente une énorme Bible : « Voici un bien grand livre, tout beau et tout doré comme un cadeau de Noël. La couverture est remplie de grains de blé… d’ailleurs on y parle beaucoup de semences, de labour, de cultures, de moissons, de pain... comme celui que l’on partage, celui qui manque à certains, celui des corbeilles qui débordent, celui qui tombe de la table et que mangent les petits chiens, celui que Jésus a rompu un jeudi de printemps... »
Tout présentant différents tableaux illustrant cette Bible « d’art », Didier Berret explique que l’on peut découvrir dans ce grand livre « autant de monde qu’il y a d’étoiles dans le ciel ».
Fait rare pour « notre » Loitchou (habitant de Saignelégier), il a écrit ce qu’il souhaitait partager et jette de temps en temps un œil sur son prompteur de papier. Il est question de ces personnages cités ou anonymes, « certains ne font que passer, ils sont là invisibles, dans les foules ou juste entre les lignes, comme le propriétaire de l’âne qui a porté Jésus... On ne les remarque pas ». Des rois au gueux, en passant par les héros, les méchants, des hommes et des femmes… « bref, des gens comme ceux qu’on connait... c’est l’histoire du monde, notre histoire, mais notre histoire racontée avec Dieu ».
Une lecture qui brûle
Dans la chapelle, pas le moindre bavardage : l’assistance est captivée par ce bibliste qui, avec une expression orale et gestuelle quasi théâtrale, impose l’admiration de ceux qui voient les images exprimées par cet orateur passionnant. Au moment de passer à la lecture du jour, Didier Berret fait à nouveau allusion à l’aspect extérieur de sa Bible : « C’est un livre qui scintille, qui éclaire, mais qui brûle aussi parfois, comme la lecture du jour. Si vous êtes venus pour entendre une Parole qui fait du bien, bouchez-vous les oreilles. Aujourd’hui avec « l’engeance de vipères » selon saint Matthieu (Mt 3,1-12), c’est une parole qui râpe, qui énerve un peu, qui gratte comme un pull en poil de chameau ».
Après la proclamation de l’Evangile, Didier Berret revient sur l’Homme dans la Bible, notamment sur les noms d’animaux qu’on lui donne, comme la limace, le loup, le renard, le lion, le scorpion, le chacal, les rapaces : « C’est vrai qu’on peut être vache, pas sympa, requin ou pire ... l’humain sait aller parfois jusqu’au pire ».
Jeu de lettres
Plus loin dans son exposé, le diacre de Saignelégier exhibe une lettre : « La première lettre de l’alphabet hébreu (א), celle des origines est une lettre qui ne se dit pas. Elle s’écrit, mais ne se prononce pas... c’est la première lettre de Dieu... c’est une lettre qui dit le mystère ».
A l’entendre, la première lettre de l’alphabet, n’est pas la première lettre de la bible. La première lettre de la bible c'est la deuxième lettre de l’alphabet : « Une lettre qui veut dire maison, notre maison commune. En grec maison ça se dit : éco comme dans écologie… Dieu se retire et laisse apparaître notre maison, il laisse émerger la terre ». Accrochant les lettres de haut en bas dans la grille de la chapelle, le bibliste poursuit : « Cette lettre qui dit l’origine, c'est la première lettre du mot papa, c'est la première lettre du mot maman, c'est la première lettre de l’humain : Adam ».
Seul à l’ambon, le diacre redevient, pour le plus grand plaisir des « auditeurs libres » du Vorbourg, le professeur de sciences religieuses du lycée cantonal de Porrentruy : « Adam s’écrit en trois lettres : la première qui se tait et deux lettres qui disent le sang. (…) Adam découvre qui il est en face d’Eve, la vivante. A priori rien de commun, si ce n’est que la dernière lettre de son nom est une lettre qui se tait (ה) et qui veut dire souffle. Dans le nom imprononçable de Dieu, sur quatre lettres il y a deux fois la lettre silencieuse qui dit souffle. Adam et Eve sont enrobés du mystère et du souffle de Dieu, mais si on enlève de leur nom ces lettres silencieuses, on obtient errance ».
A suivre
Après cette « conférence » inédite, l’assistance reprend son souffle et Didier Berret se met au service du prêtre qui entame la liturgie de l’eucharistie. Après la communion, Bernard Miserez rappelle encore les deux prochains rendez-vous avec, le dimanche 15 décembre, à 10h, l’intervention du cardiologue Michel Périat et, le 22 décembre, c’est le gardien de la chapelle - lui-même - qui apportera son éclairage à la question « qu’est-ce que l’Homme ? ».
Pour rappel, les fêtes de fin d’année seront ponctuées par plusieurs célébrations à la chapelle du Vorbourg, le mardi 24 décembre, la messe de minuit (à 24h00 !) sera animée par l’Echo du Vorbourg ; messe du jour, le mercredi 25 à 10h ; le jeudi 26 décembre, messe à 10h. Puis, pour bien commencer l’année 2020 avec Notre-Dame du Vorbourg, des messes seront célébrées à 10h le mercredi 1er janvier et le jeudi 2 janvier.
Pascal Tissier - SCJP