Vincent Lafargue, le curé du Val d'Hérens qui prêche sur internet
Au départ, l’abbé Vincent Lafargue ne voulait plus faire tourner sa photocopieuse. Curé d’Evolène, Vex et Hérémence, en Valais, il cherchait un moyen moins fastidieux de donner ses homélies à ses paroissiens. Il a donc décidé de les mettre sur internet, ouvrant avec l’aide d’un ami bricoleur le site www.ab20100.ch.
Le succès est immédiat. En quelques années, l’abbé Lafargue devient le cyber-curé le plus suivi de Suisse romande: Facebook, Twitter, WhatsApp, Instagram, il est partout.
En 2012, il lance «l’Evangile à l’écran». Ce sont des commentaires sur les lectures du dimanche rédigés par une équipe de collaborateurs, théologiens pour la plupart. Les textes ne sont pas signés. «Le but était de mettre en avant la Parole de Dieu, pas les auteurs». Au printemps 2013, il reçoit un coup de téléphone venu des immenses forêts canadiennes où les prêtres ne passent pas tous les dimanches dans chaque paroisse. Au bout du fil, un homme propose au curé de mettre en ligne son homélie du dimanche avant 16h, heure suisse. Avec le décalage horaire, son texte pourra être lu et commenté par les paroissiens canadiens qui se retrouvent pour prier ensemble. Ce que l’abbé Lafargue fait volontiers pendant trois ans.
Selfies avec les couples
La force d’internet, qui traverse les frontières, le pousse à élargir sa paroisse numérique. Sur LinkedIn, il publie l’Evangile du dimanche. Sur Instagram, il partage des photos prises dans la nature sous le hastag #maisquefaitesvousenville. «La création est la cathédrale de Dieu», dit Vincent Lafargue avec le sourire. Avec internet, je suis dans la proposition. Les gens se servent ou pas!»
Succès aussi pour les selfies des couples dont il célèbre le mariage dans sa paroisse. C’est lui qui tient le smartphone à bout de bras. «C’est une manière sympa de mettre en avant ceux qui font le pari assez fou de se lancer dans la vie à deux devant Dieu. Je continuerai à le faire». Via la messagerie WhatsApp, il prie les complies avec d’autres prêtres. «Nous nous donnons rendez-vous dans la journée. Le soir, nous sommes en communion virtuelle et en union de prière». Et il rédige depuis cinq ans des twitthomélies, des textes de 280 caractères qui veulent être une manière joyeuse de démarrer sa journée.
Il quitte Facebook
Et Facebook? En novembre, ses 2300 «amis» découvraient, effondrés, que l’abbé Lafargue quittait un réseau où il était pourtant très actif.
Le motif? Le risque de narcissisme: les «like» dopent l’ego et induisent une dépendance «qui s’accentue terriblement avec le smartphone», dit le curé du val d’Hérens en évoquant les commentaires sans fin auxquels il ne peut s’empêcher de répondre. Il découvre que Facebook confine à l’exhibitionnisme. «Avec quel résultat? Je n’étais plus un bon serviteur de la Parole de Dieu. «Le média était devenu l’immédiat: des fans ‘likent’ des homélies publiées depuis moins de 30 secondes, donc sans les avoir lues!» Autant de griefs auxquels s’ajoute l’impossibilité d’avoir un débat raisonnable sur des sujets complexes tels que le suicide assisté.
Surtout, «Internet ne remplace pas la présence à la messe, encore moins la communion!» La cyber mission touche les périphéries, en particulier les jeunes. Certains de ses correspondants disent qu’ils ont remis les pieds dans une église après l’avoir lu. «Mais le web a ses limites. Nous pratiquons une religion de l’incarnation et l’Eglise n’est pas virtuelle. Face à internet, il faut donc poser des garde-fous.»
Texte et photos: Bernard Hallet, cath.ch
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- Le message du pape pour la 52e Journée mondiale des communications sociales
Il ne suffit pas que ce soit vrai
Message de Mgr Alain de Raemy, l'évêque des médias
Voici peut-être le passage le plus subtil du message du pape François, axé pour la 52e journée mondiale des communications sociales. Il est sur les fake news, cette désinformation si répandue en particulier dans les réseaux sociaux, des réseaux qui ressemblent souvent à des ghettos: «En outre, on ne cesse jamais de chercher la vérité, parce que quelque chose de faux peut toujours s’insinuer, même en disant des choses vraies. Un argument impeccable peut en fait reposer sur des faits indéniables, mais s’il est utilisé pour blesser quelqu’un et pour le discréditer aux yeux des autres, aussi juste qu’il apparaisse, il n’est pas habité par la vérité. A partir des fruits, nous pouvons distinguer la vérité des énoncés: s’ils suscitent la controverse, fomentent les divisions, insufflent la résignation ou si, au contraire, ils conduisent à une réflexion consciente et mûre, au dialogue constructif, à une dynamique fructueuse» (à la fin du 3e point).
Autrement dit, sans mensonges je peux aussi être mensonger. Sans fake je peux hate! Je peux haïr en toute vérité... Oui, à coups de vérités assénées, je peux ne pas rechercher la vérité, mais le dénigrement, l’accusation, le conflit et la condamnation. Comme nous devons donc être vigilants sur le quand, le comment et le ton de nos communications! Aussi en Eglise.
Que cette Journée mondiale des communications sociales nous rende attentifs non seulement à la vérité mais aussi à l’usage des vérités, pour communiquer en toute Vérité.
Alain de Raemy, évêque chargé de la communication et des médias au sein de la Conférence des évêques suisses