Par Didier Berret
Noir sur blanc. La Bible est écrite noir sur blanc. Dès lors certains s’imaginent qu’elle parle de tout et qu’elle a réponse à tout. Pourtant sur bien des questions modernes brûlantes, la Bible reste muette: pas une phrase «noir sur blanc» au sujet de l’acharnement thérapeutique, des recherches génétiques, des débats houleux autour de la sexualité; pas un mot qui nous permette d’opter pour des ›oui’ ou pour des ›non’ lors des prochaines élections.
La Bible, écrite noir sur blanc, a des lacunes qui pèsent lourds dans notre société moderne, sans cesse confrontée à de nouveaux défis dont les générations à venir paieront le prix. En deux mille ans le monde a changé, la Bible, non. Face à cette situation déconcertante, deux risques se profilent.
Le premier est celui de l’intégrisme. Il consiste à s’attacher fermement au noir, à la lettre, en rejetant systématiquement tout ce qui, depuis deux mille ans, a pu se rajouter à la Bible. Refus de la modernité, repli identitaire et attachement nostalgique aux seules valeurs du passé par peur d’affronter le présent et d’inventer l’avenir.
Le second est celui du rejet: puisque la Bible a deux mille ans de décalage, rangeons-la au musée. Elle appartient au lot précieux des monuments du passé, mais n’a plus rien à nous dire.
L’une et l’autre de ces positions s’intéressent à la lettre, au noir et ceux qui les défendent lisent une écriture fixe, figée, immobile.