«Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes» | © Evangile-et-peinture.org
Tous, nous le cherchons! Tous, nous désirons que s’accomplisse pour nous ce désir universel de bonheur. Quelle que soit leur culture, leur race ou leur religion, qu’ils croient en Dieu ou n’y croient pas, tous les êtres humains sont à sa recherche.
Mais où le chercher? Car si nous sommes d’accord sur le but à atteindre, les avis divergent du tout au tout quand il s’agit de savoir comment y parvenir. En effet, si le but est unique, les voies qui nous sont proposées sont multiples. Nous n’avons que l’embarras du choix.
De nos jours, on proclame que celui qui a confiance en lui-même réussit tout ce qu’il entreprend : pouvoir et richesse, gloire et plaisirs sont à sa portée et vont le rendre heureux. Vraiment? Durablement? Le problème, c’est qu’il se trompe.
Et c’est pour nous éviter ce piège des faux bonheurs que Jésus nous propose les béatitudes que le pape François qualifie de carte d’identité du chrétien. Mais, avouons-le, voilà des paroles plutôt surprenantes et dérangeantes. C’est quand même incroyable qu’on puisse déclarer heureux ceux qui sont pauvres, affamés, tristes, insultés. Bien sûr, l’évangile laisse entendre que le sort va se renverser, on ne dit pas quand, mais on peut penser que ce sera dans la vie éternelle. Pas étonnant alors qu’on ait pu qualifier la religion d’opium du peuple!
Essayons une clé d’interprétation différente qui rejoint une vision de l’être humain appelé à une croissance sans limites. Toute vie est en mouvement jusqu’à la mort. Le propre de la vie est d’évoluer sans cesse, de s’adapter aux différentes circonstances, de changer. La vie est un cheminement. Alors les richesses peuvent devenir un problème lorsqu’elles alourdissent notre marche, freinent cette évolution, stoppent la croissance de la personne avec l’illusion qu’il est repu, rassuré dans son confort.
Tout ce qui empêche le cheminement détruit la vie. Ce sont peut-être nos richesses, mais aussi les peurs sous toutes leurs formes, la soif du pouvoir, l’attachement au prestige, à toute reconnaissance excessive provenant du monde civil… ou religieux. La fameuse mondanité dont nous parle le Pape François. Malheureux êtes-vous, vous qui êtes riches, autrement dit: je vous plains vous qui êtes complimentés par tous les hommes, car ce que vous croyez posséder risque de devenir une idole et de remplacer le Royaume de Dieu!
Mais selon Jésus, être riche, c’est aussi n’avoir plus en soi une soif d’espérance, un espace de désir que Dieu seul peut combler. C’est cela que Jésus veut manifester à travers les Béatitudes. «Tu nous as faits pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi», écrivait St Augustin. Cela nous ramène tous aux questions fondamentales: qu’est-ce qui me rend heureux, qu’est-ce que je cherche, quel est mon désir profond?
En fait, les Béatitudes désignent un combat de l’esprit et du cœur, ici et maintenant, pour chacun, chacune de nous. Bénissons les situations qui nous permettent d’échapper aux multiples illusions qui sont autant de pièges. Oui, bénissons et restons en marche!
Sœur Véronique | Vendredi 11 février 2022
Lc 6, 17.20-26
En ce temps-là,
Jésus descendit de la montagne avec les Douze
et s’arrêta sur un terrain plat.
Il y avait là un grand nombre de ses disciples,
et une grande multitude de gens
venus de toute la Judée, de Jérusalem,
et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant,
car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous excluent,
quand ils insultent
et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie,
car alors votre récompense est grande dans le ciel ;
c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »