« Après dix ans d’activité, et plusieurs milliers de personnes accueillies, écoutées, reçues dans toutes les dimensions de leur existence, le rencar terminera sa mission de présence sur l’espace public et auprès des institutions le 2 juin 2022 ». Tel est le « prologue » du message « crépusculaire » adressé, début décembre, aux bénévoles actuels et anciens, ainsi qu’aux partenaires et institutions liés à la mission du rencar ; ce camping-car qui a sillonné les routes du Jura pastoral pour se mettre à l’écoute des cabossés de la vie. Initiateur de ce concept itinérant, Jean-Charles Mouttet revient sur cette aventure et se confie sur son avenir d’accompagnant spirituel.
« Je suis très fier de ce qui s’est vécu dans et autour du rencar. On a vu plein de gens se relever. On a aussi accompagné des dizaines de personnes décidées à quitter ce monde. On peut aussi se féliciter de tout le travail de réseau mis en place avec les institutions. Il faut surtout souligner l’engagement des bénévoles, une équipe extraordinaire qui a œuvré durant toutes ces années. A une période on était 34 pour animer, conduire et accompagner le rencar. En tout, sur ces dix années, plus de 100 personnes se sont mobilisées au service du rencar. Sans oublier, à mes côtés, l’équipe qui l’animait et le guidait sur les chemins de la rencontre : Isabelle Wermelinger, Sœur Ancilla, Christine Donzé et Sœur Anne-Marie Rebetez ».
Aucun nouveau projet n’a pu aboutir
Les deux années de pandémie ne sont pas étrangères à la décision de déposer définitivement les plaques du rencar. Mais il n’y a pas que ça. Jean-Charles Mouttet reconnaît que la fréquentation de ce lieu d’écoute dans les espaces publics était à la baisse : « Le concept de se retrouver en tête à tête dans un espace restreint n’est apparemment plus dans l’air du temps et les attentes de la population ont changées, aussi à cause de l’évolution du monde numérique. Aujourd’hui il faut faire sa place autrement dans la citée ».
Dans le message adressé, début décembre, aux accompagnateurs du rencar, une phrase interpelle : « Force est de constater que le temps n’est pas opportun pour tenter une approche renouvelée, et aucun nouveau projet n’a pu aboutir ». Le diacre acquiesce : cet aphorisme révèle bien qu’un nouveau concept avait été proposé : « Nous imaginions installer une grande caravane extensible, durant plusieurs jours, voire des semaines, dans les localités de la région. Trois petites tables, des chaises, un bar aussi. Un tea-room mobile, sans alcool, mais plus accueillant que notre bon vieux camping-car, le tout avec des horaires d’ouverture plus larges ». Après des mois de travail, des divergences trop importantes demeuraient sur la faisabilité du projet, épuisée, l’équipe a décidé de jeter l’éponge. Jean-Charles n’insiste pas sur ce sujet : « C’est derrière, mais je reste persuadé, qu’à l’image de la spiritualité prônée par le pape François, ”l’Eglise est appelée à sortir d’elle-même pour aller vers les périphéries” ».
Accompagnement adapté
Jean-Charles Mouttet aura juste fêté ses 55 ans lorsqu’il entamera, cet été, ses nouveaux mandats, soit un 80% au Service d’Aumônerie Œcuménique (SAO) de l’Hôpital du Jura, ainsi qu’un 20% au Pôle santé mentale de l’Hôpital du Jura bernois qui aura été transféré de Bellelay à Moutier : « Il reste des détails à régler, mais c’est un superbe défi à relever. L’accompagnement spirituel en milieu hospitalier évolue. « Il y a l’essor des traitements ambulatoires et les séjours en milieu hospitalier sont de plus en plus courts. Le Service d’aumônerie n’est plus géré par le secteur administratif. Aujourd’hui il est directement lié à la direction des soins, pour accompagner les patients, leurs familles, le personnel aussi, dans le domaine spirituel et religieux. Il est à disposition et à l’écoute de chaque personne sans distinction ».
Actuellement le SAO est actif sur les sites de Delémont, Porrentruy, Saignelégier et à la Résidence la Promenade (Delémont), animé par une laïque professionnelle réformée et quatre agents pastoraux catholiques formés spécifiquement à l’accompagnement spirituel en milieu hospitalier, dont deux prêtres. Une équipe qui peut encore compter sur quatre bénévoles, eux aussi parfaitement formés pour cet accompagnement particulier.
Stage en éducation pastorale clinique
« Je viens d’entamer un nouveau stage en éducation pastorale clinique (CPT pour Clinical Pastoral Training or Education). Ce sera mon troisième CPT ». Pour Jean-Charles Mouttet, cette formation pastorale à l’écoute et la communication, sera comme un cours de perfectionnement au sein même de l’Hôpital du Jura : « Il s’agit de trois périodes de deux semaines sur les sites de Porrentruy et de Delémont. Je serai comme à la maison ».
Pascal Tissier