Dans la série des conférences/confidences « Ce que je crois »
L'auteur du "Savoir-croire" vient confier sa foi
Les soirées « Ce que je crois » proposées par le Service du cheminement de la foi sont envisagées comme des rencontres au coin du feu où la personnalité invitée vient s’exposer plutôt que d’exposer, d’oser se raconter plutôt que de raconter, le tout sur le ton de la confidence. Le vendredi 15 décembre, à 20h, c’est Jacques Neirynck, politicien et écrivain, qui viendra se confier au Centre Saint-François. Après le temps des confidences, l’auteur du « Savoir-croire » se laissera emporter par le temps des questions…
Dans « Le savoir-croire », Jacques Neirynck livre une réflexion autour de l’articulation entre foi chrétienne et science. Il évoque aussi la remise en question des vérités religieuses au nom des progrès scientifiques, la découverte de la réalité, la croyance qui fait se dévoiler le réel, ou l'élimination des conceptions parfois archaïques…
Le savoir-croire par Jacques Neirynck
Croire ou savoir ? Accepter sans discuter des vérités religieuses qui semblent éternelles ou bien les remettre en cause au nom de la science et du progrès des connaissances ? N’est-ce pas le dilemme de beaucoup de chrétiens d’aujourd’hui, plongés dans la modernité ? Mais plutôt que d’opposer les deux, l’auteur propose un savoir-croire. Savoir dans tous les domaines, c’est admettre en fin de compte la réalité telle qu’elle est parce que l’on souhaite la découvrir, comme le fait la science, au risque de l’erreur aussi. Croire, c’est s’engager aussi dans une démarche de confiance qui fait que le réel se dévoile. C’est accepter que le Dieu caché et créateur nous invite à purifier nos conceptions et nos modèles, voire à nous débarrasser de certaines visions archaïques...
Né en 1931, Jacques Neyrinck est professeur émérite de l’Ecole polytechnique de Lausanne, spécialisé dans le domaine de l’électricité. Il possède les nationalités belge, française et suisse. Engagé dans le mouvement consumériste, il a fait également une carrière politique en Suisse comme conseiller national au Parlement fédéral. Il a publié des essais mais aussi des romans à succès comme Le manuscrit du Saint-Sépulcre ou Le siège de Bruxelles, et plusieurs policiers dans la collection 10-18.
« Ce que je crois », conférence/confidence de Jacques Neirynck
le vendredi 15 décembre, à 20h, entrée libre, collecte à la sortie
Le coin lecture d’Albert Longchamp sur www.jesuites.ch
J'ai lu « Le savoir-croire » de Jacques Neirynck
Le savoir-faire ou le savoir-vivre sont des expressions courantes de notre langage et n'effarouchent personne. Mais la fougue et la subtilité proverbiales de Jacques Neirynck devaient un jour s'emparer du « savoir-croire ». Titre audacieux pour cet ancien ingénieur, professeur à l'Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne, infatigable politicien en terre vaudoise, délégué du Parti démocrate-chrétien vaudois dans l'arène du Parlement fédéral. Pour être précis, ce natif de Belgique est aujourd'hui en brouille avec une partie la direction de son Parti, qui lui refuse le privilège de se lancer à nouveau dans l'arène pour s'adjuger en 2015, cette fois, un siège au sein du Conseil des Etats. Donc, un personnage, 82 ans, qui ne se laisse pas abattre.
Et Dieu dans tout ça ? Et le savoir-croire ? La veine théologique et spirituelle entraine notre fougueux octogénaire dans une vision qu'on tentera de résumer en deux phrases : « La différence entre savoir et croire est bien moindre qu'on imagine. L'un et l'autre fonctionnent par création, utilisation et abandon de schémas successifs, appelés modèles en science et croyances en religion » (1). Dira-t-on que la science est une facette profane de la foi ? Cela serait exagéré. Mais le fait est que la recherche scientifique comme la progression du discours religieux doivent s'épauler. Un rejet leur serait fatal.
Du côté du judaïsme puis du christianisme, et aujourd'hui de l'islam, toute la Bible est une esquisse, ou un essai, du savoir-croire. Mais l'ensemble du monde des religions – donc, en réalité, la quasi-totalité des cultures - tout en s'incrustant dans des civilisations étrangères les unes aux autres, en provoquant l'émergence de concepts scientifiques nouveaux, de révisions permanentes, tentent ou déjà imposent d'exprimer leur « savoir » et d'y insérer leurs recherches et leur spiritualité. Le sens de notre vie quotidienne est inscrit dans un vaste processus qui peut devenir incontrôlable.
La grande faute des religions, souligne Jacques Neirynck, c'est d'avoir pris de mauvaises habitudes. Comment ne pas évoquer le drame permanent qui se joue actuellement au Proche-Orient : des peuples qui revendiquent une même racine, une même foi, une même source, s'ingénient à s'exterminer. Question : Et Dieu dans tout ça ? Il est où ? L'auteur, bien sûr, n'a pas de réponse toute faite. Mais, modestement, il ose ouvrir notre espérance sur l'œuvre de création. Le savoir-croire pose de fortes exigences. « Croire, c'est admettre que cela vaut la peine de faire l'effort de savoir » (2).
(1) Le savoir-croire p. 41
(2) Le savoir-croire p. 236
« Le savoir-croire », de Jacques Neirynck, aux éditions Salvator, mai 2014