S’orienter vers la haine, c’est perdre son humanité
« Pensez-vous qu’il y a des jeunes qui soient nés avec le gène de la violence ? » Au travers de ce questionnement, Adbelfattah souligne le fait que la majorité des palestiniens résistent avec leurs valeurs et non avec les armes. Beaucoup de ces jeunes veulent être éduqués et n’ont pas tendance à vouloir aller vers la violence. C’est pourquoi, avec les membres de son association, il s’efforce d’autonomiser les enfants en agissant sur leur comportement et leurs connaissances par des moyens créatifs et pacifiques. Dans un pays où les gens souffrent d’un conflit politique qui fait rage depuis des années, il encourage ces jeunes à vivre pour leur pays et non pas mourir pour ce dernier : « en discutant avec ces enfants et ces jeunes, certains me parlent de leurs rêves de devenir avocat, ingénieur ou enseignant. Mais d’autres m’ont aussi dit qu’ils voulaient mourir. Lorsqu’un enfant de 8 ans dit ce genre de chose, c’est qu’on a tout faux ».
Montrer les jeunes dans leur dignité et leur force, non pas dans la misère
« Quand on regarde ces enfants sur scène, c’est eux les stars. Ils sont vus comme des êtres humains. » Selon le directeur de l’association, le théâtre est l’un des plus beaux moyens pour s’exprimer et construire la paix en soi. C’est pour cette raison qu’en 1998 Abdelfattah, désireux de permettre aux jeunes du camp de garder leur dignité et qu’ils soient fiers de leur identité, cofonde un théâtre. Rapidement, le projet se diversifie : « Tout le monde ne veut pas faire du théâtre. Alors on a commencé à proposer de la musique, de la danse, de la photo, de la vidéo ». Ainsi, le but de ce centre culturel est de connecter les palestiniens au travers des arts. La magie de ces derniers se trouve dans le fait qu’ils mettent les gens sur un pied d’égalité et les stéréotypes sont mis de côté. Pour Abdelfattah, il s’agit d’un acte de résistance. Une résistance pacifique.
Comme une ode à l’espoir, les créations du camp d’Aida ont traversé les frontières et se produisent maintenant en France, en Belgique, en Angleterre ou encore aux Etats-Unis. Pour Abdelfattah, cela représente un moyen important pour permettre à ces jeunes d’avoir une vie normale dans des pays libres. Ainsi, grâce aux encouragements transmis par le public, ils voient la bonne réception de leur spectacle et se rendent compte qu’il est possible de faire beaucoup plus avec l’art qu’avec un fusil.
« On fait ce qu’on a à faire »
Selon le cofondateur de l’association, il y a beaucoup de personnes avec de bonnes intentions mais ça ne suffit pas, il faut de bonnes actions : « On fait ce qu’on a à faire en espérant que les autres se joignent à nous. Mais même si personne ne se joint à nous, on continue pour nos enfants et les générations futures. On est responsable de notre avenir. » Ainsi, au travers de ses projets créatifs, Abdelfattah a pour objectif de montrer à ces enfants que la vie vaut quelque chose et qu’ils ont du potentiel.
Dans le camp de réfugiés d’Aida, la différence est vue comme le plus beau cadeau que Dieu nous ait donné. C’est pourquoi, pour Abdelfattah Abusrour, les religions ne doivent pas nous séparer : « La religion a été mise au milieu du conflit alors que c’est un problème de justice et d’égalité. » Avec le projet de « Belle résistance », les membres de l’association souhaitent se dire qu’ils font quelque chose pour aider à construire une société palestinienne dépourvue de violence et respectueuse des droits de l’Homme. Ainsi, en permettant aux femmes, aux jeunes et aux enfants d’être investis dans un rôle éducatif et artistique, ils favorisent les relations humaines et la créativité. Pour l’association Alrowwad, chaque individu est un acteur du changement pour la paix car « les miracles ne vont pas arriver tous seuls ».
Finalement, l’art est également un moyen d’utiliser nos différences pour nous enrichir et non pour créer la peur des uns et des autres.