« La foi va jusqu’à accepter la mort », tel est le titre de son ultime article publié dans le magazine « Grandir » : l'abbé Jean-Pierre Schaller est décédé au matin du 18 août, dans sa 98e année, après une courte hospitalisation. Professeur durant une trentaine d’années à l’Ecole cantonale à Porrentruy, sa ville natale, ce prédicateur éloquent – nommé Chevalier de la Légion d'honneur – a été longtemps prêtre à Paris. Hasard du calendrier, c’est peu après avoir concélébré les obsèques religieuses de Johnny Hallyday à l’église de la Madeleine que l’abbé Schaller est revenu définitivement s’installer en Ajoie.
« C’est incroyable, j’ai reçu un courrier de lui ce matin, 18 août. Son article manuscrit est daté du 10 août et je découvre dans Le Quotidien jurassien du jour qu’il est décédé ». Rédacteur en chef de « Grandir », Claude Jenny n’en revient toujours pas. « Je savais que Jean-Pierre Schaller avait déjà fait récemment un séjour à l’hôpital. Il avait d’ailleurs décliné l’invitation à une rencontre des collaborateurs de « Grandir » prévue en septembre… mais de là à imaginer qu’il allait disparaître d’ici là… c’est triste ». Emu, le responsable de la revue spirituelle éditée à Porrentruy soupire : « Du coup, en septembre, on publiera son dernier papier et c’est Thomas Schaffter, l’éditeur de « Grandir », qui lui rendra hommage ».
Accompagnant spirituel à Paris
Même si l’abbé jean-Pierre Schaller est toujours resté incardiné dans le diocèse de Bâle, c’est principalement à Paris, dans la paroisse de Saint-Louis d’Antin, aujourd'hui rattachée à l'archidiocèse de Paris, qu’il a exercé son ministère. Accompagnant spirituel à disposition des âmes en quête d’écoute et de conseils, le prêtre jurassien était un confesseur très apprécié.
Si, jusqu’en 2018, l'abbé Schaller résidait principalement dans la paroisse de la Madeleine, il revenait généralement une semaine par mois à Porrentruy, dans le modeste appartement qu’il louait depuis les années 1960 au quatrième étage - sans ascenseur - du 10 de la rue de Montjoie : « Même si l’esprit reste lucide, le frère corps est très usé. Je marche avec de sévères difficultés, mais je parviens encore à gravir les escaliers », soupirait-il encore récemment.
Echanges postaux
Collaborateur de longue date à la revue « Grandir », l’abbé Schaller n’a jamais eu d’ordinateur ni d’internet : il tapait ses textes sur une ancestrale machine à écrire, faisait ses corrections et ses remarques à la plume ou au stylo, puis glissait ses « feuillets » dans une enveloppe garnie de beaux timbres poste. A réception, il s’agissait de mettre en page sa prose et d’adresser – par courriel – une épreuve à la cure de la Madeleine, où un collaborateur, faisait office d’intermédiaire. C’est finalement par téléphone qu’il « signait » son bon à tirer.
Des livres partout
Auteur d’une bonne quinzaine d’ouvrages, l’abbé Schaller aimait les livres. Dans son petit appartement bruntrutain, les murs étaient garnis de bibliothèques. Des bouquins, des journaux et des magazines s’étalaient partout sur le mobilier. A l’entendre, sa collection de livres anciens de François de Sale, saint patron des journalistes et des écrivains, avait gravement été endommagée lors d'un début d'incendie accidentel : « Ma télévision a implosé et les flammes se sont propagées dans la pièce. Heureusement que j’étais présent ce jour-là et que le feu a pu être rapidement circonscrit ».
Modeste avant tout
Décoré de la Légion d’honneur, l’abbé Jean-Pierre Schaller n’aimait pas être sous les feux des projecteurs. Ainsi, le 9 décembre 2017, à l’église de la Madeleine, à Paris, il était avec le père Guy Gilbert - le « curé des loubards » - l’un des concélébrants des obsèques religieuses de Johnny Hallyday, il s’excusait presque de se retrouver avec trois présidents de la République française à ses pieds. « J’espère que Dieu ne m'en tiendra pas rigueur. »
Une page se tourne : Jean-Pierre Schaller a tiré sa révérence pour rejoindre le Créateur. Ses funérailles seront célébrées en l’église Saint-Pierre de Porrentruy, le mardi 24 août 2021, à 14h.
Pascal Tissier
Le 9 décembre 2017, à l’église de la Madeleine, à Paris, Jean-Pierre Schaller était l’un des concélébrants des obsèques religieuses de Johnny Hallyday (BFM-TV)
Le 9 décembre 2017, aux obsèques religieuses de Johnny Hallyday, à l’église de la Madeleine, à Paris (BFM-TV)