C’est à Madagascar, son pays d’origine qu’il avait rejoint à l’automne 2020, que l’abbé Patrick Rakoto est décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC) dans sa 55e année, sa 29e année d’ordination. Après quelques remplacements d’été au début des années 2000 pendant ses études à Rome, il a été engagé de 2009 à 2012, comme vicaire dans l’Equipe pastorale de l’UP Saint-Germain (Courrendlin et environs). Puis, de 2012 à 2020, il a été curé de la Paroisse du Vallon de Saint-Imier. Le 30 septembre 2020, il terminait son engagement dans le Jura pastoral, pour répondre à la sollicitation faite par l’archevêque d’Antananarivo d’assumer un nouveau défi chez lui, en rejoignant le corps professoral de l’Université Catholique de Madagascar (UCM).
Nous nous unissons dans la prière et la sympathie avec sa famille et ses proches.
L'abbé Patrick Rakoto, le 8 septembre 2020, lors d'une célébration à l'église Saint-Marcel à Delémont, dans le cadre d'une session des agents pastoraux du Jura pastoral... l'occasion pour ces derniers de le remercier et de lui dire "au revoir".
« Comment ne pas être bouleversé par une telle nouvelle ». Michel Monnerat, diacre tout récemment ordonné à Saint-Imier retient son émotion. « Patrick est décédé un an jour pour jour après la messe d’Action de grâce célébrée à Saint-Imier pour marquer la fin de son ministère presbytéral dans la paroisse du Vallon. Une paroisse dans laquelle nous sommes arrivés ensemble en 2012, avec une messe d’installation célébrée, là aussi, en septembre ».
Michel Monnerat souligne la douceur de ce prêtre toujours souriant, son sens de l’écoute : « Je peux dire que je ne l’ai jamais vu s’énerver ».
« Parcours de vie sacerdotale »
Alors qu’il est en étude à Rome dans les années 2000, l’abbé Patrick Rakoto découvre le Jura à l’occasion de plusieurs remplacements d’été à Courrendlin. En 2009, suite à plusieurs départs à la retraite, il s’installe à la cure de Vicques, dans le Val Terbi, pour porter la pastorale avec l’Equipe de l’Unité Saint-Germain.
En 2012, l’abbé Patrick Rakoto et Michel Monnerat, alors animateur en paroisse, sont appelés à Saint-Imier pour conduire la paroisse du Vallon. Après avoir séjourné dans une région à forte tradition catholique, le prêtre malgache va devoir faire sa place dans un Jura bernois à forte majorité protestante. « Je suis envoyé, à travers mon ministère de prêtre, à la rencontre des paroissiens et des habitants de ce vaste Vallon de Saint-Imier pour cheminer ensemble dans la foi. C’est pour moi un appel du Seigneur et un engagement à entreprendre », dira-t-il modestement dans Le Bulletin d’octobre 2012. Dans ce même numéro, il présente son « parcours de vie sacerdotale » en ces termes : « Né à Madagascar, second d’une fratrie de trois enfants, j’ai été ordonné prêtre en 1993, j’avais 26 ans. Après quelques années d’activités pastorales dans des paroisses de mon diocèse d’origine d’Antananarivo, j’ai eu l’opportunité d’aller étudier dans la Ville éternelle, à Rome, pour suivre une spécialisation en théologie morale, avant de retrouver l’enseignement au Grand Séminaire d’Antananarivo. Je suis aussi vice postulateur des causes de canonisation de deux bienheureux de Madagascar, dont l’un a été canonisé le 21 octobre 2012 ».
Merci et... à Dieu
Au printemps 2020, l’abbé Patrick a été appelé par l’archevêque d’Antananarivo à rejoindre le corps professoral de l’Université Catholique de Madagascar à Antananarivo, où il enseigne déjà depuis plusieurs années la morale théologique. Le 8 septembre 2020, peu avant son départ (maintes fois reporté en raison de mesures sanitaires), l’ensemble des agents pastoraux du Jura pastoral ont eu l’occasion de lui dire « au revoir » à l’issue d'une célébration à l'église Saint-Marcel à Delémont. L’abbé Jean Jacques Theurillat, vicaire épiscopal pour le Jura pastoral, a exprimé sa gratitude envers le prêtre malgache : « L’abbé Patrick a été le premier prêtre étranger pour lequel j’ai dû faire des démarches en vue d’un engagement et des discussions ont été engagées dès juillet 2009, soit quelques semaines avant même mon entrée en fonction officielle. Moins de deux ans plus tard, il quitte l’Unité pastorale Saint-Germain pour le poste de curé dans le Vallon de Saint-Imier. Depuis plusieurs années, l’abbé Patrick assurait, deux fois par année, des cours de morale à l’Université Catholique de Madagascar, à Antananarivo, des périodes qu’il prenait sur ses congés. Continuer à ce rythme n’était plus possible et l’Université de Madagascar a souhaité que Patrick puisse assurer un enseignement à plein temps. C’est donc au terme de la convention qui nous liait avec son diocèse que l’engagement de l’abbé Patrick prend fin. Mais la crise du Covid-19 diffère pour le moment la possibilité de retourner au pays: il faudra peut-être faire une étape par Rome pour trouver un vol vers Madagascar. Cher Patrick, un grand merci pour ton témoignage de prêtre, pour ton écoute, pour ta douceur, pour l’ouverture que tu nous à donné de vivre vers Madagascar. Nous te souhaitons le meilleur pour tes tâches d’enseignement à l’UCM. Nous pensons que ce n’est peut-être pas la dernière fois que nous te voyons, mais que nous aurons d’autres occasions de nous retrouver. Alors, encore une fois, merci à toi ».
C’était un homme de foi
Aujourd’hui le téléphone de Michel Monnerat ne cesse de sonner : « Depuis l’annonce de l’hospitalisation de Patrick, le 16 septembre dernier, je suis très sollicité. La famille aurait souhaité le transférer sur l’île de la Réunion dans un hôpital mieux équipé. Mais l’état de santé Patrick s’est très vite péjoré, il a sombré dans le coma et il est décédé le samedi 25 septembre ». Pouvant à peine cacher son émotion, Michel Monnerat n’aligne que des éloges : « C’est bien triste, tous les gens évoquent des bons souvenirs ; c’était un homme de foi qui n’imposait jamais ses idées ; il ne se mettait jamais en avant ; c’était la tendresse incarnée, en acte et en parole ; l’abbé Patrick ne s’élevait jamais au-dessus des autres, il était dans la logique de l’abaissement prônée par le pape François : «s’il y a bien quelqu’un de grand dans l’Eglise, c’est celui qui s’est fait le plus petit de tous». L’abbé Patrick Rakoto était cet homme-là : un grand qui s’avait rester humble ».
Pascal Tissier