L’évêque Gérard Daucourt présidera l’eucharistie du samedi 14 juillet, à 18h, à Courgenay et du dimanche 15 juillet à 10h, à St-Ursanne.
A l’invitation de l’Unité pastorale saint Gilles – Clos du Doubs, Gérard Daucourt, évêque émérite de Nanterre, sera présent à St-Ursanne et Courgenay les 14 et 15 juillet prochains. Nous profitons de sa venue pour lui poser quelques questions…
Cher Père évêque, vous viendrez bientôt dans l’Unité pastorale St-Gilles – Clos du Doubs. Quel message souhaitez-vous transmettre aux croyants de votre paroisse d’origine ?
C’est au cours de la messe du samedi soir et de celle du dimanche matin que j’aurai un message à transmettre. Ce ne sera pas le mien mais celui de la Parole de Dieu. J’aurai à montrer comment les textes de la liturgie éclairent et nourrissent notre vie quotidienne. En préparant, je me demanderai d’abord comment ils me concernent personnellement. Puis les personnes présentes vont m’écouter mais je serai seul à parler. L’homélie est un monologue. C’est le genre qui veut ça. J’ai toujours souhaité que partout (pas seulement à Courgenay et à St Ursanne !) la messe se prolonge par une rencontre avec le prédicateur, avec un échange et un partage de réactions. Ça pourrait se faire en prenant l’apéro ! Mais c’est plus difficile que jamais, parce qu’il y a moins de bistrots dans les villages, moins de monde à la messe, et peut-être que tout le monde n’est pas prêt à retarder de trente minutes le moment du repas…
Vous êtes connu comme un spécialiste de l’œcuménisme. Sur le terrain, on a parfois l’impression que le dialogue œcuménique ne connaît plus beaucoup d’avancées. Quel est votre regard ?
Le moteur officiel et publique de l’œcuménisme est en panne. La raison principale est que nous ne sommes plus d’accord sur l’unité que nous cherchons. Beaucoup de protestants ( mais aussi des catholiques ! ) estiment que l’unité est faite puisque, chrétiens de différentes Eglises, nous nous parlons, nous prions ensemble et nous collaborons, alors qu’autrefois nous nous sommes entretués puis ignorés. « Aujourd’hui, nous vivons l’unité dans la diversité », pensent-ils. Du côté catholique, nous estimons que certaines différences doctrinales subsistant dans cette diversité sont importantes et montrent que nous ne sommes pas encore assez unis dans la même foi. (Ca concerne l’eucharistie, le sens du service des diacres, des prêtres, des évêques, de l’évêque de Rome et certaines questions dites éthiques). Entre orthodoxes et catholiques, le dialogue théologique officiel est arrivé à un degré d’accord jamais atteint, mais plusieurs responsables d’Eglise hésitent et donnent des raisons pour ne pas faire les pas décisifs qui s’imposent.
Cependant si le moteur officiel de l’œcuménisme est en panne, il y a d'innombrables moteurs grands et petits qui font qu'à travers le monde l’œcuménisme est une réalité bien vivante. On peut citer des milliers d’exemples. En voici quelques-uns : le rayonnement mondial de la communauté œcuménique de Taizé ; en Roumanie, le petit Carmel de Stanceni, lieu de prières et de rencontres fraternelles, dans un pays où les orthodoxes n’ont plus l'autorisation de leurs responsables de prier avec les catholiques ; en Ajoie, les activités communes de carême des mennonites et des catholiques à Courgenay ou les célébrations œcuméniques qui rassemblent réformés et catholiques ; au plan international, les engagements des membres de l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) ; en France, le groupe officiel de Conversations entre Evangéliques et Catholiques et sa récente publication Evangéliser aujourd’hui ; à Saint Peterbourg, fin juillet, j’animerai une retraite pour une trentaine de familles ayant un enfant handicapé et qui sont toutes orthodoxes ; etc, etc…
Le 2e Concile du Vatican a affirmé que l’œcuménisme est un mouvement suscité par le Saint Esprit. Des blocages ici ou là, à tous les niveaux, peuvent ralentir ce mouvement mais ils ne l’arrêteront jamais complètement.
Le François vient de publier une exhortation qui est un appel à la sainteté dans notre monde actuel. Pouvez-vous nous présenter, en quelques mots, ce document ?
C’est un document merveilleux, simple et court. Tout le monde peut le lire et le comprendre, comme tout ce que dit et écrit notre pape François. Il nous rappelle que nous sommes tous appelés à devenir des saints. Sachant que dans la tête de beaucoup de catholiques, un saint ou une sainte c’est quelqu’un de parfait donc d’inimitable, j’ai beaucoup apprécié les pages où notre pape rappelle que les saints ont eu des faiblesses, des doutes, des péchés, comme nous tous. J’ai aussi aimé qu’il nous redise que nous n’avons pas à copier les saints mais à nous inspirer de leur témoignage et à repérer les moyens qu’ils ont pris pour accueillir la grâce du Christ et Lui être fidèles.
François nous propose un chemin simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans les Béatitudes (N° 63). Nous pouvons aussi apprécier que notre pape nous rappelle que grandir en sainteté suppose un combat permanent, de l’humour et beaucoup de joie. A lire absolument ! (La joie et l’allégresse, Pape François, Editions Bayard-Cerf-Mame).
Propos recueillis par Christophe Wermeille