Notre langue n’a pas assez de mots pour exprimer Dieu dans notre vie. La voix de Dieu continue de traverser le ciel pour venir à nous et elle nous désigne le Fils bien-aimé en qui tout Dieu est contenu. Pour passer de la Parole de Dieu à la langue des hommes il nous faut de bons traducteurs. Aujourd’hui, c’est l’Esprit-Saint qui s’en charge et, nous qui l’entendons, nous croyons que son inspiration est la meilleure pour que nous comprenions la langue de Dieu.
Nous venons d’entendre que Dieu a mis toute sa joie en ce Fils qu’il nous présente. D’autres traductions parlent du plaisir, de l’amour, de la bienveillance, de choix et même de l’engendrement. Dieu est tout cela à la fois et bien plus encore… Pourquoi met-il toute sa joie en ce fils qu’il a engendré?
Parce que pour la plupart des parents du monde, la naissance de leur enfant constitue l’une des plus grandes joies de leur existence. En même temps qu’une fille ou qu’un fils vient au monde, une femme et un homme deviennent parents. Et devenir parents, c’est donner la vie, nourrie de l’amour qui lui donne de grandir et de s’épanouir. Aujourd’hui, en nous désignant Jésus comme son Fils bien-aimé, Dieu, pour la première fois dans l’évangile, se révèle comme père. Et comme nos parents humains il donne la vie. Par les cieux entrouverts et le souffle de son Esprit, il se donne comme la source de la joie et de l’amour. Et c’est un nouvel humain qui en est le bénéficiaire: Dieu fait homme!
Par le baptême de Jésus nous découvrons que tout le peuple qui était en attente devient témoin de cette joie de Dieu. Par son baptême, Jésus plonge littéralement dans notre humanité pour que nous aussi nous soyons plongés dans la joie de Dieu, germe de toute vie animée par l’amour. Par son baptême, Jésus nous montre qu’il fait véritablement partie de ce peuple et qu’il vient y déposer la semence de la vie divine. Désormais nos destins sont liés!
Notre temps a besoin de cette joie… le monde est agité par le Covid, le réchauffement climatique, des démocraties chancelantes, nos soucis de santé, de travail, d’avenir… C’est dans cette agitation que Dieu vient s’immerger par son Fils-bien-aimé. Loin de fuir la réalité, solidaire, il vient la porter avec nous. Il vient inonder le monde de son amour éternel. Plongés par notre baptême dans le feu de son Esprit nous y découvrons la confiance d’une présence et l’inspiration d’une espérance.
Les signes qui nous sont donnés expriment tous la nouveauté de la vie. L’esprit qui souffle sur les eaux comme au matin de la création, la colombe qui manifeste que la terre est en paix comme à la sortie du déluge, la voix qui vient du ciel comme dans la prédication des prophètes, le père-mère qui donne son enfant comme à Noël… Voilà comment Dieu s’y prend pour nous exprimer la joie de son amour et voilà comment, par notre baptême nous y sommes associés. En acceptant de devenir filles et fils de ce père nous en recevons toute la joie. Et si sa joie est en nous, comme nous le dira l’évangile de Jean, notre joie sera parfaite !
Philippe Matthey | Vendredi 7 janvier 2022
Lc 3, 15-16.21-22
En ce temps-là,
le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente,
et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous :
«Moi, je vous baptise avec de l’eau;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.»
Comme tout le peuple se faisait baptiser
et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait,
le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe,
descendit sur Jésus,
et il y eut une voix venant du ciel:
«Toi, tu es mon Fils bien-aimé;
en toi, je trouve ma joie.»