Situation sanitaire oblige, difficile actuellement d’organiser un anniversaire festif et gourmand pour marquer un jubilé particulier. C’est donc à distance, assis et à sec que les invités au dixième anniversaire du Service d’aumônerie œcuménique des écoles – le saoe (en minuscules) – ont applaudi les orateurs de la partie officielle et les artistes des pauses musicales, au soir 7 octobre dans l’auditoire du bâtiment Avenir 33, à Delémont. L’apéro dinatoire est reporté à des temps meilleurs…
« En 2004, avant même la création du Service d’aumônerie œcuménique des écoles (saoe), j’ai organisé mon premier voyage d’entraide. C’était au Cameroun. Parmi les jeunes participants à ce périple se trouvait Martial Courtet, aujourd’hui ministre de la Formation, de la Culture et des Sports, et président du gouvernement jurassien. Son allocution tout à l’heure aura certainement une résonance toute particulière ». C’est entre autres par ce souvenir que Bernard Voisard, animateur jeunesse pour l’Eglise catholique, a ouvert la partie officielle du 10e anniversaire du saoe qu’il pilote avec Annick Monnot, diacre pour l’Eglise réformée.
Histoire de bousculer un peu le protocole, l’animateur du saoe donne d’abord la parole aux plus jeunes : « étant donné que le saoe est avant tout au service des étudiants et des apprentis, je souhaite la bienvenue à Manon et Paul qui vont partager quelques souvenirs vécus avec nous ».
Paul
Premier au pupitre Paul, de Courroux, jeune étudiant de 17 ans qui, l’an dernier a passé deux semaines en Tanzanie, pour participer à un projet de solidarité autour de la construction d’une école à Arusha, au pied du Kilimandjaro. « Difficile de résumer cette expérience inédite dans un pays tellement différent, culturellement parlant. Comment oublier les liens d’amitié qui se sont noués lors de ce voyage et tous ces moments de partage avec les autres jeunes et la population locale ».
Manon
C’est avec émotion que Manon, 20 ans, de Delémont, évoque le séjour d’entraide auquel elle a participé en février 2020, dans une antenne parisienne de l’association des Restos du Cœur. « Comment ne pas se sentir concerné ? Je me suis souvent dit que ça pourrait être moi… c’est vraiment un sentiment étonnant d’en prendre conscience, même si je ne peux pas prétendre avoir une grande expérience de la vie ».
Pierre Ackermann
Président du Conseil de l’Eglise réformée du Jura, Pierre Ackermann se félicite du succès du saoe : « les intentions poursuivies par ce Service qui sont : d’offrir une présence, de favoriser les rencontres et les échanges d’idées, tout en vivant l’œcuménisme, sont largement remplies et concrètement réalisées ». Pour Pierre Ackermann, « aller à la rencontre des jeunes là où ils sont, est une belle manière de remettre l'Eglise au milieu du village, de lui redonner une visibilité et un sens ».
Jean Jacques Theurillat
Pour situer l’action du saoe au sein des écoles du secondaire II du Jura, l’abbé Jean Jacques Theurillat tente une comparaison avec Instagram, « un réseau social qui fête lui aussi ses 10 ans en rassemblant un milliard d'utilisateurs par jour, mais qui est en perte de vitesse auprès des plus jeunes, en particulier de la classe d'âge à laquelle s'adresse le SAOE, car pour eux c'est TikTok qui a la cote, du haut de ses quatre années d'existence. La proximité entre ces deux anniversaires nous montre combien le monde a changé, durant ces 10 dernières années ». Pour le vicaire épiscopal, l'évolution qui s'est faite durant cette décennie est un appel fort à adapter et même à repenser les offres du SAOE. « Il s'agit de vivre un « aggiornamento », formule utilisée par le pape Jean XXIII avant le Concile Vatican II ». Une « mise à jour » qui devrait être rediscutée, selon lui, au sein du SAOE, entre les Églises, avec les autorités cantonales et les responsables du CEJEF et de ses cinq divisions : « La dimension spirituelle ne devrait-elle pas faire partie intégrante de la prise en charge globale des élèves ? »
Martial Courtet
Dans son allocution, Martial Courtet se félicite que le saoe soit à disposition de celles et ceux qui souhaitent parler, mais qui ne peuvent pas le faire dans leur entourage familier : « C’est une main tendue, un sourire offert. Une invitation à parler de nos sentiments, de nos questionnements, de nos doutes… de nos peurs aussi ». Le ministre de la Formation, de la Culture et des Sports considère que l’action menée par Annick Monnot et Bernard Voisard « est plus importante que jamais, à l’heure où l’image impose sa loi. En fournissant un espace d’écoute aux élèves du CEJEF, le saoe poursuit une mission fondatrice de nos sociétés : la solidarité entre les individus, l’entraide et le partage». Le président du gouvernement jurassien ajoutera : « Tout n’est pas égal et toutes les idées n’ont pas la même valeur. Que l’on croie, ou pas, à l’existence de Dieu et quelle que soit la forme de cette croyance, le fait religieux est inhérent à la condition humaine. Dès que l’homme se met à penser naît la dimension spirituelle, parce que l’existence a besoin de sens. Je remercie vivement toutes les personnes actives au sein du saoe qui donnent un sens à la vie et qui permettent aux jeunes de trouver celui qu’il recherche ».
Le site du saoe : www.saoe.ch