Lise : Dis René, je ne sais pas comment ça se passe pour toi mais pour moi, la période de Noël, c’est un peu la course aux cadeaux. Là je viens de faire des emplettes et j’ai mon cabas qui est rempli de belles choses mais alors … c’est fou le nombre de pas qu’on peut faire quand on cherche à faire plaisir aux gens qu’on aime.
René : Je vois que ton cabas est plein Lise, de mon côté aussi, ma poussette à commissions est pleine à craquer. Elle déborde même. Je pourrais même parler de chariot de course, tellement j’ai dû courir pour trouver ce que je cherchais. Heureusement que j’avais des roulettes.
Lise : Je ne sais pas comment tu t’organises mais moi, j’ai dû tout écrire sur un billet pour ne pas oublier les choses que je devais faire pour Noël : acheter des présents, envelopper les cadeaux, envoyer les cadeaux, acheter de la nourriture, faire des biscuits, installer les lumières.
René : Je fais comme toi, c’est fou le monde qu’on peut croiser dans les magasins, ça nous fait perdre la tête. Au niveau de la décoration, j’sais pas si tu as eu la même impression que moi, mais j’ai été surpris cette année de voir de moins en moins de symboles religieux. Plus de crèche, plus de bœuf, plus d’âne, plus d’enfant Jésus, plus de chants de Noël.
Lise : C’est vrai qu’maintenant que tu le dis, j’ai fait aussi les mêmes observations. On voit plutôt des petits lutins rouges à barbe blanche un peu partout avec des paillettes et des lumières qui clignotent. C’est l’époque du marketing, de la vente à tout va. C’est vrai qu’on s’éloigne de plus en plus de l’étoile des bergers.
René : L’histoire des bergers, la plus belle histoire jamais contée, celle qui parle de Marie, de Joseph, ce jeune couple qui attend la naissance d’un enfant et qui se voit obliger de se déplacer à Bethléem pour un recensement. Et sans bus, sans train, sans voiture ou caddie à roulettes.
Lise : Ces simples bergers, eux qui étaient si peu considérés et si éloignés de toute vie sociale, de tout magasin. Ce fameux soir de Noël, ils n’ont pas fait de billet à commissions et pourtant, ils ont été totalement surpris par la venue de Jésus né dans une mangeoire. Oui parce qu’il n’y avait plus de places dans les salles communes. C’était un peu comme un hôtel Ibis un jour de fête. Tout était pris.
René : Et bien tu vois, je pense que cette fameuse nuit, le moment où ces bergers avançaient à petit pas vers cette mangeoire, a été un grand pas, un grand bond en avant pour l’humanité. Assister à la naissance de Dieu, à la venue de ce tout petit bout d’homme, c’est tout de même un sacré cadeau offert au regard des gens.
Lise : Tu sais René, nous avons tous eu la joie de contempler un nouveau-né et peut-être même de le tenir dans nos bras (d’ailleurs tu es grand-papa depuis cinq mois d’une petite Patricia, et c’est un incroyable sentiment d’émerveillement qui rend heureux). C’est une joie profonde qui monte de nos cœurs. Le monde pourrait bien s’écrouler, la bourse pourrait chuter, l’économie mondiale s’effondrer rien ne pourrait nous enlever cette joie, ce bonheur qui nous submerge.
René : Je crois que c’est dans ces moments-là que les pas de Dieu croisent les pas des hommes et des femmes. Une expérience hors du commun, hors du temps qui nous bouleverse totalement. Dans la faiblesse d’un enfant, la toute puissance d’un amour absolu. On a les larmes aux yeux, on est envahi par des torrents de tendresse.
Quand je regarde cette banderole placée dans la crèche avec ses pas de couleur, ça me fait penser qu’en Jésus, nous avons vu les pas de Dieu croiser les pas des hommes. Pour nous, c’est une naissance à chaque instant.
Lise : (elle répète lentement) En Jésus, nous avons vu les pas de Dieu croiser les pas des hommes. Regarde ce beau sapin, un sapin, c’est pour y mettre des cadeaux non ? Je te propose qu’on y laisse nos cadeaux, histoire de faire des heureux. Histoire de faire un pas de plus à la lumière des enseignements de Jésus, l’enfant Dieu.
René : Et si sur notre billet à commissions on mettait : être présent… et vivre des moments avec nos enfants, les gens qu’on aime.
Lise : On pourrait aussi penser à les envelopper de tendresse et dépenser moins en donnant du temps, en donnant de soi-même.
René : On pourrait aussi envoyer de l’amour, des petits mots sympas pour exprimer nos sentiments, nos désirs, nos souhaits.
Lise : On pourrait aussi apprendre à partager nos repas ou donner un plat cuisiné à une personne seule. C’est tout aussi bien que de courir comme des fous dans les magasins.
René : Et puis, faire des biscuits c’est bien, mais faire la paix, c’est encore mieux. Goûter une expérience de paix, c’est quelque chose ! Mais on avait encore une chose à faire sur notre billet de commission ?
Lise : Ah oui, regarde, c’était installer les lumières. Bon c’est bien, mais…être la lumière pour quelqu’un c’est encore mieux non ? Tu vois… notre échange me fait penser à ce très beau texte de Francine Carillo. Tu crois que cela peut intéresser les personnes qui sont là avec nous ce soir dans cette église ?
René : Tu rigoles, j’en suis sûr, il est magnifique ce texte. On le lit ensemble ? Tu commences ?
Lise : J’y vais. Pas étonnant, dit Dieu que notre histoire soit tissée de rendez-vous manqués ! Vous m’attendez dans la toute-puissance, et je vous espère dans la fragilité d’une naissance !
René : Vous me cherchez dans les étoiles du ciel, et je vous rencontre dans les visages qui peuplent la terre ! Vous me rangez au vestiaire des idées reçues et je viens à vous dans la fraîcheur de la grâce !
Lise : Vous me voulez comme une réponse, et je me tiens dans le bruissement de vos questions ! Vous m’espérez comme un pain et je creuse en vous la faim !
René : Vous me façonnez à votre image, et je vous surprends dans le dénuement d’un regard d’enfant ! Mais, dit Dieu, sous le pavé de vos errances…
Lise et René : … un Noël de tendresse se prépare, où je vous attends comme la nuit attend le jour.