Au-delà de la satisfaction matérielle, quel sens donner aux cadeaux de Noël? | © Ravi Shah/Flickr/CC BY 2.0
A l’approche de Noël, la tradition des cadeaux prend une grande place dans nos vies. Mais quel sens le chrétien peut-il trouver dans ce phénomène, associé au consumérisme? Le chanoine du Grand-Saint-Bernard José Mittaz donne des éléments de réponse.
La tradition des cadeaux, notamment à Noël, s’inscrit souvent dans une logique commerciale. Mais c’est aussi une marque d’affection et d’attention à l’autre. Comment le chrétien peut-il faire la part des choses?
José Mittaz: Le cadeau est signe d’une présence qui se prolonge au travers du présent qui est offert, comme une autre manière de dire: «Je suis avec toi». C’est pourquoi un cadeau personnalisé sera davantage apprécié, car il relie au donateur.
Un beau cadeau dit autant de celui qui l’offre que de celui qui le reçoit. Le cadeau de Dieu, c’est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous: il est vrai Dieu et vrai homme. Et de la crèche à la croix, le Christ se livre et donne.
Alain Souchon, dans sa chanson Foule sentimentale, évoque un homme moderne dont le matérialisme est une façade, qui cache quelque chose de plus grand. Est-ce aussi votre impression?
Il m’est plusieurs fois arrivé de reconnaître que mon propre besoin d’acheter un nouvel ordinateur ou un téléphone portable exprimait, d’une façon voilée et pas immédiatement conscientisée, le besoin d’un renouvellement intérieur plus complexe à appréhender.
La prise de recul face à un matérialisme enchanteur ouvre la voie vers un espace intérieur et dépouillé, ce lieu de surgissement de la vie en soi. Ce sont nos élans intérieurs, multiples et variés, qui colorent si bien notre vie relationnelle.
Les parents sont souvent tentés d’offrir aux enfants ce qui leur fait plaisir. L’amour passe-t-il toujours par la satisfaction d’un désir, ou peut-on imaginer d’autres voies?
Dans une oraison de la messe appuyée sur saint Paul (Eph 3,20), nous reconnaissons que Dieu donne infiniment plus que nous n’osons demander ou même imaginer. Il s’agit donc d’élargir notre désir et de l’approfondir, notamment dans la prière, afin de devenir capables de recevoir ce que le Seigneur veut nous donner.
Offrir aux enfants uniquement ce qui leur fait plaisir, c’est restreindre leur univers à ce qu’ils connaissent déjà, et donc prendre le risque de les replier sur eux-mêmes. Les plus beaux cadeaux ne sont-ils pas ceux qui surprennent et qui appellent à s’aventurer un peu plus vers l’inconnu, là où la vie fait signe? (cath.ch/rz)