Une cure de rajeunissement !
Le carême : une remise à neuf ? Rencontre avec l’abbé Bernard Miserez, gardien de la chapelle du Vorbourg, à Delémont.
- Le carême nous revitalise ? On pense plutôt à des privations et des renoncements…
Oui, on en a fait un temps de pénitence alors que ça devrait être une cure de rajeunissement. On en a fait un temps de mortification, alors que c’est un temps de vivification. C’est une chance de vivre ce carême dans une perspective de vitalité. Dieu n’est pas là à nous dire « tu dois faire ci ou ça ». Le vrai chemin, qui nous fera vivre un vrai Carême, c’est celui de la rencontre avec nous-mêmes, pour être plus vrais avec les autres et, surtout, plus ouverts au mystère de Dieu qui nous habite.
- Est-ce une chance qui nous est donnée ?
C’est sans doute une chance puisqu’on peut renaître, repartir à neuf, remettre son compteur à zéro, déposer son histoire, ses valises, pour mieux reprendre la route. Pourquoi ? Parce que, durant ce temps, on fait l’expérience d’une rencontre, toujours inédite, avec Dieu qui veut nous libérer.
- Un temps propice au dépouillement ?
Oui, puisqu’il nous conduit vers Pâques. Comme nous dit saint Paul : « l’homme ancien s’en va, l’homme nouveau apparaît ». Et ce mouvement pascal, de la mort à la vie, est célébré le jour de Pâques pour que toute personne se risquant à cette expérience du carême découvre qu’elle est libre. Pâques, c’est le Christ en nous ; le Christ déployant son être dans notre faiblesse.
- On se dépouille, mais on traîne derrière soi ses vieilles casseroles…
On les traîne toujours. Le carême est cependant ce lieu où on peut les laisser, s’en dé-saisir. Dieu veut nous désencombrer de ce qui nous empêche de vivre. Le carême, c’est oser croire que ces fardeaux, parfois si lourds, Dieu en fait son affaire et les prend à sa charge.
- Se ressourcer, rester connecté, est important ?
Oui, si l’on veut entendre cet Amour qui se manifeste à travers la Parole, mais aussi à travers la vie communautaire, dans nos familles. Et je crois que le ressourcement est proposé à chaque instant. Dès que j’accueille la vie qui m’est donnée ; dès que je m’ouvre au donateur plus qu’au don lui-même, je me ressource. Et, surtout, je donne à mon désir une dimension éternelle. En nous, il y a de l’éternité. Le carême, n’est-ce pas aussi cela : découvrir pourquoi je vis ? Et quand on a compris que tout peut s’accomplir avec Dieu, à cause de la confiance qu’on place en Lui, alors – enfin - on devient qui l’on est.
Propos recueillis par Christiane Elmer