Pourquoi les prêtres sont-ils soumis au célibat ?
Article publié le 20 février 2017 dans le journal La Croix
Alors que le Père David Gréa, emblématique curé lyonnais, a annoncé dimanche 19 février son intention de quitter le sacerdoce pour se marier, retour sur les fondements théologiques et spirituels du célibat des prêtres.
Par Malo Tresca
« J’ai commencé à construire une relation avec une femme, avec laquelle je pense que Dieu m’appelle à vivre ». C’est en ces termes que le P. David Gréa, curé depuis six ans de la paroisse Lyon-Centre Sainte Blandine, a annoncé, dimanche 19 février dans une lettre adressée à ses paroissiens, son départ et la décharge, par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, de ses fonctions de prêtre. Cette décision, qui a suscité de nombreux commentaires, a ravivé, autour de l’Église, le débat sur le célibat sacerdotal.
« Une façon particulière de vivre cet appel à l’amour »
Pourquoi les prêtres sont-ils soumis à cette règle ? Depuis quand existe-t-elle, et pourquoi est-elle encore aujourd’hui en vigueur dans l’Église catholique romaine ? « Son fondement spirituel repose tout d’abord sur l’imitation de la figure, itinérante et célibataire, du Christ et de sa consécration totale à Dieu », explique le journaliste Jean Mercier, auteur de l’ouvrage Célibat des prêtres, la discipline de l’Église doit-elle changer ?
« Ni mépris du mariage, ni aversion à l’égard de la sexualité, le célibat est une façon particulière de vivre cet appel à l’amour. (…) Le prêtre renonce à aimer une personne en particulier pour être signe de l’amour de Dieu pour tous les hommes », rappelle de son côté, sur son site, la Conférence des évêques de France (CEF). « Le prêtre, répondant librement à l’appel de Dieu, ne vit pas le célibat comme une contrainte, mais comme une ouverture à une grande fécondité, certes différente de celle d’un couple, mais tout aussi riche ».
De la continence au célibat sacerdotal
Historiquement, la question du statut marital des prêtres a été abordée, dès le début du IVe siècle (vers 305), lors du concile d’Elvire (Espagne). « À l’époque, les prêtres mariés et leurs femmes étaient tenus de respecter la règle de la continence », poursuit Jean Mercier. « En pratique, pour ne pas succomber à la tentation, beaucoup faisaient acte de séparation : les épouses, par exemple, pouvaient partir dans des couvents ».
La sexualité est alors perçue comme un obstacle à la pureté, empêchant le prêtre d’être entièrement voué à la fonction de l’intercession de la messe. Mais malgré cette exhortation à la continence, il arrivait que des enfants naissent après l’ordination.
Ce n’est que plusieurs siècles plus tard – au XIe siècle – que le pape Grégoire VII décide de clarifier la situation, en imposant par une réforme la règle du célibat sacerdotal au sein de l’Église catholique romaine. Ailleurs dans l’Église, cette règle comporte toujours des exceptions : les prêtres anglicans réintégrant l’Église catholique, par exemple, peuvent bénéficier d’une dispense leur permettant d’être mariés. Et les Églises de rite oriental ordonnent, elles aussi, des hommes mariés.