Le billet de Jean-Paul Odiet, LQJ 22-04-2023
Déçu du monde ou de l’Eglise et de ses scandales à répétition, de son discours moralisateur ou légaliste, je suis parfois tenté de faire demi-tour, comme les disciples qui quittent Jérusalem pour rejoindre le village d’Emmaüs (Lc 24, 13-35). Comme eux, je ne perçois parfois plus très bien comment Jésus peut être encore une bonne nouvelle aujourd’hui. Et c’est pourtant là, dans ce qui semble être un contresens, que Jésus marche à mes côtés et que, sans le reconnaître, mon cœur brûle à l’écoute de sa voix qui s’exprime par l’exclu, le pauvre, le migrant, la personne en situation de handicap, l’a(A)utre … que je ne peux saisir.
Nous avons dit tant de choses sur Jésus et la manière d’atteindre le Salut que parfois nous nous enfermons dans nos idées sur Lui et que nous en oublions de l’accueillir en celui qui nous rejoint, là, sur le chemin. Il ne ressemble en rien à l’idée que nous nous faisons de Jésus, mais c’est pourtant lui qui va nous aider à ouvrir les yeux sur la présence de l’Infini au cœur de l’être. Nous voulions le saisir, mais c’est lui qui se donne, nous voulions courir l’annoncer, mais voilà que déjà il nous a précédé.
Alors si, comme moi, vous avez parfois l’impression de marcher à contresens d’une Eglise trop enfermée ou d’un monde en feu, n’ayez pas peur, au contraire, laissez-vous désarmer de vos certitudes pour oser être rencontré. Laissez les autres marcher à vos côtés comme autant de possibilités de percevoir le Vivant qui vous sauve de la mort en vous tirant des préjugés, de l’orgueil et de la suffisance, pour vous nourrir de Sa vie.
Oui, Jésus est une Bonne Nouvelle, non parce que je le souhaite ou parce que je l’annonce mais parce qu’Il donne vie, là où tout semble fini, parce qu’Il est source d’espérance en une humanité réconciliée, capable de surmontée les atrocités du mal et de s’ouvrir au bien, parce qu’Il est la Paix.
Jean-Paul Odiet, théologien en pastoral