Le billet d'Henri Moto, JDJ 30.09.2023
Au début de sa mission, Jésus a connu la solitude au désert (Luc 4, 1-13); à la fin de celle-ci, il l'a vécue encore de manière intense à Gethsémani (Luc 22, 39-46), jusqu'à sa mort. Mais à bien regarder, c'est toute sa vie qui est traversée par des épisodes de solitude. Au seuil du mois d'octobre dédié à la mission, communier à sa manière d'apprivoiser celle-ci est un défi auquel nous devons encore répondre.
En réalité, notre contexte est celui où s'accroît sans cesse «le sentiment de solitude et de désorientation». Celui-ci est dû à divers facteurs: délitement des liens sociaux et familiaux, usage massif et souvent déshumanisant des nouvelles technologies de la communication, repli sur soi, etc.
Les formes nocives de solitude qui en découlent entraînent: une grande paupérisation sociale et anthropologique, une forme de souffrance intérieure quasi permanente, une fuite en avant dans des mécanismes de défense et un besoin compulsif de combler le manque par des mécanismes de compensation multiples (avidité matérielle ou des plaisirs, spleen et négation de la vie, etc.). Pourtant, si les formes de solitude ainsi déclinées sont effectivement à l'opposé de l'épanouissement de l'être humain, il est vital de regarder de prêt comment les humaniser.
Dans ce sens, l'expérience de Jésus prouve suffisamment que le désert peut être un lieu dangereux, de manque, de tentation, mais aussi une opportunité de rencontre avec Dieu (celui-ci n'est pas solitude mais essentiellement amour). Lorsque la solitude est choisie, assumée et/ou apprivoisée, à la manière de Jésus, elle devient le prix fort à payer pour une authentique croissance spirituelle, humaine et sociale; un espace de vie en plénitude dans lequel nous parvenons a' nous écouter et à écouter cet Autre qui nous parle à l'intérieur de nous-mêmes; une opportunité de communion, de réalisation pleine de soi dans le don, dans la rencontre avec les autres.
Abbé Henri Moto, Unité pastorale catholique de Bienne-La Neuveville