Il fait encore nuit. Du haut de son minaret, le muezzin, chantre de la communauté musulmane, appelle les fidèles à la prière ...
Dans leurs couvents, des moniales et des moines chrétiens précèdent l'aurore en psalmodiant l'office des Matines ...
A la maison, au lever du soleil, des Juifs pratiquants commencent leur journée avec les bénédictions matinales ...
Premières pensées, premiers actes d'un jour nouveau. Louanges au Maître des commencements et du temps.
Parce qu'avant que le premier matin ne se lève sur le monde, avant que le premier homme n'ouvre ses yeux ébahis sur l'univers foisonnant, avant qu'à l'aube quotidienne l'être libre et responsable ne prenne sa vie en main, Dieu est et donne la vie.
La prière des croyants de toutes les religions du monde ouvre l'humain à l'immensité de ce don qui l'engendre et le dépasse.
Cette gratitude fondamentale pourrait s'adresser à la seule prodigalité de Dame Nature. Mais elle s'enracine pour les croyants dans une espérance beaucoup plus large: celle que la vie est un cadeau sans limite et l'homme, un être sans fin. Une espérance à la démesure de la révélation qui s'exprime précisément au moment de l'année où les signes de vie sont les moins manifestes.
Au cœur de l'hiver, la Chandeleur, en écho à Noël, fait mémoire de l'accueil de Jésus-lumière au Temple de Jérusalem. Deux personnes au soir de leur longue vie, Anne et Syméon, s'émerveillent et chantent un printemps nouveau. Une estafette de lumière nargue l'hiver et chante le printemps.
Chaque nuit, des croyants prient. Aucune heure ne passe sans que des pensées partent de la terre pour rejoindre le Dieu du ciel. Ces étincelles de bénédictions comme autant de signes de beauté dans la nuit du monde - maintiennent l'humanité dans sa dignité d'enfant de Dieu.
Didier Berret, diacre, Saignelégier