Le billet de Philippe Charmillot, LQJ 01-04-2023
Je m’appelle Simon et habite Béthanie, à l’est de Jérusalem. L’une des soirées les plus inoubliables que j’ai vécue, c’était juste avant la Pâque. On m’avait dit que ce Jésus vivait ce qu’il annonçait, guérissait des malades et cela piquait ma curiosité de notable. Toujours est-il que je l’ai invité pour souper. Tout à coup, une femme est entrée. Je la connaissais à peine. Elle n’avait pas bonne réputation. Certains disaient qu’elle couchait facilement avec celui-ci ou celui-là. Vrai ou faux ?
On dit si facilement du mal des autres. Elle portait un flacon de parfum. Elle s’est tranquillement approchée de Jésus, elle a ouvert le récipient. Une merveilleuse odeur a jailli. C’était un parfum qui devait coûter une fortune. Elle l’a versé tranquillement et délicatement sur la tête de Jésus. J’ai entendu des réflexions d’étonnement, voire d’indignation : « A quoi bon avoir gaspillé ce parfum ? On aurait pu le vendre et donner l’argent aux pauvres ! ».
Alors il s’est exclamé : « Laisser cette femme en paix. Pourquoi lui faites-vous des ennuis ? Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous et vous pourrez constamment les aider. Mais moi, vous ne m’aurez pas perpétuellement. Cette femme a d’avance parfumé mon corps pour ma sépulture. »
C’est vrai qu’il n’avait pas que des amis. J’avais entendu dire en ville que certains souhaitaient sa mort. Comme la semaine suivante Jésus restait à Jérusalem pour se préparer à la Pâque, je l’ai suivi discrètement. Ce que j’ai vu m’a confirmé dans l’idée qu’il avait fait une prédiction. D’abord, il était entré triomphalement à Jérusalem assis sur un âne et une foule criait d’admiration en brandissant des rameaux d’olivier : « Hosanna, sauve-nous ».
Du délire… De quoi inquiéter les autorités juives, romaines et religieuses. Puis arrêté quelques jours plus tard durant la nuit, torturé, il a été crucifié sauf erreur un vendredi. On m’a dit que c’était des dames qui avaient eu le souci de mettre du parfum sur son cadavre. Je ne sais pas si la femme de Béthanie était présente. Je vais tâcher de me renseigner. Mais je me questionne sur le sens de l’exécution de ce personnage si particulier : pourquoi finir si lamentablement… ?
Philippe Charmillot, Service de la pastorale des familles, Porrentruy