Le christianisme a-t-il une spécificité par rapport aux autres religions monothéistes ? Nous entendons souvent les gens affirmer : "De toute façon, on a tous le même Dieu". Mais qui donc est le Dieu des chrétiens ? Dieu est une unité d'Amour entre trois personnes : le Père, le Fils et l'Esprit. Ils s'aiment tellement, dit la Bible, qu'ils ne font qu'Un. Comme un couple qui, par la qualité et l'importance de son amour, ne fait plus qu'un, mais demeure naturellement deux individus distincts.

Le Père est la source de la vie. Les Juifs le nomment Adonaï et les Musulmans Allah. Tous admettent que Dieu est créateur. "Allah est plus proche de toi que la veine de ton cou", dit le Coran. Pour ces trois religions aussi, Dieu est en chaque personne. L'être humain est fait d'étoffe divine.

Jésus, le Fils, n'a pas été reconnu par les Juifs comme étant le Messie qu'ils attendaient et qu'ils guettent encore aujourd'hui. C'est un sage, certes, mais aussi un blasphémateur puisqu'il s'est dit "fils de Dieu". Pour les Musulmans, l'Unique ne peut avoir un fils. Dieu transcendant ne peut s'incarner. Donner un visage à Dieu, lui attribuer un fils, c'est un blasphème. Pour les Musulmans, Jésus est simplement un prophète comme Abraham ou Moïse. Pour les chrétiens, Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Par amour de l'humanité, Dieu est venu élire domicile chez elle en la personne de son Fils afin de manifester sa tendresse pour chaque être humain. Quel scandale pour le monde de voir le Fils de Dieu finir lamentablement pendu sur une croix !  Mais la révolution viendra du fait que ses amis le reverront vivant sous une autre forme.

Quant à l'Esprit, il existe chez les Juifs comme une empreinte de Dieu, perceptible à certaine occasion. En Islam, on ne parle pas de l'esprit de Dieu. Les chrétiens le conçoivent comme la troisième personne de la Trinité. Il donne vie, anime, conseille et dynamise l'existence de chacun.

Les différences dans la perception de Dieu sont donc très grandes entre les trois religions. Il serait trop simpliste de purement les balayer. Par contre, il n'est pas utopique de souhaiter que ces religions s'unissent pour lutter contre l’extrémisme aveugle et s’engagent ensemble pour le partage des richesses, pour l'écologie, pour les droits de l'homme, pour la tolérance... "Le monde serait moins désert si nous pouvions nous reconnaître une vocation commune, celle de multiplier au passage les fontaines de miséricorde" disait le Père Christian, égorgé en Algérie en 1996 avec six autres moines à Tibhirine.

Philippe Charmillot, Pastorale des familles pour le Jura bernois et le Jura, Porrentruy