Le billet de Didier Berret, LFM 01.03.2025
Il y a les Tschaggatta du Lôtschental défilant parmi les chevaux du Marché-Concours en été 2023 avec leurs masques de bois et leurs gueules de sorcières. li y a les Sauvages du Noirmont tout embardés de branches de sapin et dont les ombres viennent hanter le village endormi. Il y a les musiques joyeuses des cliques et les sons cadencés et obsédants du Baitchai qui enivrent les rues de Saignelégier. II y a le Morgenstreich bâlois, ses fifres et ses tambours et cette ambiance d'un jour qui commence plus vite qu'à l'ordinaire. Il y a les cortèges et leurs valses de confettis, les déguisements si jolis des tout-petits, les costumes de tyrannosaures, de cow-boys et de champignons, les parures sophistiquées et celles aux allures de spectres. Il y a la danse, les retrouvailles, les verres dans le frimas, les couleurs plus nombreuses que celles de l'arc-en-ciel et ces ambiances relax où, durant quelques jours, la morosité ambiante et les angoisses pour l'avenir du monde se noient sous les serpentins.
Et puis il y a les masques de tous les jours: ceux qui paradent, ceux qui feignent, ceux qui trahissent les mauvaises nuits sous des cernes gonflés, ceux qui sourient blanc: mais pensent gris, ceux, imperméables, des gens austères; les altiers, les fardés, les taciturnes, les ridés, les souriants et les grincheux.
Et puis il y a Carême, comme une invitation à cesser d'avoir l'air, de paraître, de faire semblant, en déposant les masques dans une quête d'authenticité et de vérité. Un temps pour accueillir ce que nous sommès en entier, ni plus ni moins, sans honte et sans orgueil, comme des êtres conscients d'être des fils et des filles bien-aimés de Dieu.
Didier Berret, Délégué épiscopal pour le Jura pastoral