Chères sœurs, chers frères,
Nous sommes à l’aube de la nouvelle année liturgique et, bientôt, aussi de la nouvelle année civile. Dans un mois à peine, nous fêterons Noël. Nous vivons une époque charnière. Nous regardons vers le passé et vers le futur, mais notre vision est inévitablement marquée par la pandémie de COVID.
Nous les évêques partageons le deuil de nombreuses personnes qui pleurent un être cher, mort seul et sans accompagnement, et auquel il n’a pas été possible de dire adieu comme il se doit. Nous sommes attristés par la solitude que le confinement a souvent accrue. Que nous tous ayons dû – et que nous devions encore – renoncer à la proximité, à un geste d’affection, à une embrassade, aux visites est douloureux. Que les services religieux soient annulés, entièrement ou en partie, nous désole profondément.
En même temps, nous, les évêques, remercions du fond du cœur tous ceux et celles qui, au cours des derniers mois, se sont dévoués corps et âme pour aider les autres. Ces personnes, en dépit des nombreuses restrictions, rendent possible la vie de l’Église, souvent sous des formes nouvelles, en donnant de leur temps à ceux qui ont besoin d’une oreille attentive, voire d’une aide concrète. Il a fallu faire preuve de créativité – une qualité qu’il faudra avoir aussi à l’avenir, même au-delà de la pandémie de COVID. Merci.
Cette année nous a fait comprendre, plus que jamais, que nous sommes fragiles. Nous sommes vulnérables. L’incertitude, notre accompagnatrice de toujours, est revenue s’imposer dans nos vies. Que nous apporte la nouvelle année ? Pouvons-nous espérer de passer à nouveau des moments de bonheur en commun ? De célébrer à nouveau des messes publiques ? Quel est l’impact de la crise économique sur nos vies ? Trouvera-t-on enfin des solutions pour les milliers de réfugiés qui doivent endurer des conditions misérables dans les camps ? Nous l’ignorons. L’incertitude persiste.
Le récit de Noël ouvre pour nous une perspective avec des clés de lecture pour les temps de crise et l’incertitude que cela implique. La naissance de Jésus-Christ se déroule dans des conditions d’une extrême précarité. Lorsque l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va donner naissance à un fils, il la met, en tant que femme non mariée, dans une situation difficile. Pourtant, Marie croit et espère. Elle peut donc dire résolument oui. Joseph a des incertitudes quant à son union avec Marie. Puisant son courage dans un rêve et dans la promesse de Dieu, il décide de faire son chemin avec Marie.
Toujours dans la précarité. Car Jésus est né dans une région où de nombreux conflits politiques font rage. Et c’est précisément là que le Fils de Dieu est né. C’est là que le ciel s’ouvre. Dieu se tourne vers l’homme. Dieu n’éradique pas les risques, car ils font partie de notre vie. Malgré l’incertitude qui règne, Noël nous donne la confiance nécessaire pour ne pas perdre pied. Une nouvelle vie est née, un enfant est né, le Fils de Dieu entre dans ce monde. Y a-t-il un plus grand signe d’espoir, une plus grande confirmation de l’amour divin pour nous, les êtres humains ? Écoutons la voix des anges : « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur. » (Luc 2:10 f)
Chères sœurs, chers frères, de notre foi commune nous tirons la force et l’espoir de rester unis et de surmonter les moments difficiles. Que le Dieu de la Trinité vous bénisse et vous accompagne pour ce faire.
Monseigneur Felix Gmür
Président de la Conférence des évêques suisses