«Le gouvernail de la dignité de la personne humaine et la ‘boussole’ des principes sociaux fondamentaux peuvent nous permettre de naviguer avec un cap sûr et commun», déclare le pape François dans un message délivré à l’occasion de la 54e Journée mondiale pour la Paix qui sera célébrée le 1er janvier 2021. Avec cette boussole, il encourage chacun à «devenir prophète et témoin de la culture du soin afin de combler de nombreuses inégalités sociales».
Après cette année 2020 marquée par la crise sanitaire mondiale générée par le coronavirus, le pape François déploie son message pour la Paix autour de la «culture du soin», expression utilisée à douze reprises dans le texte de cinq pages signé le 8 décembre dernier, en la fête de l’Immaculée Conception. Adressé aux chefs d’État et de gouvernement, aux responsables d’organisations internationales, aux leaders spirituels, aux fidèles des différentes religions, aux hommes et aux femmes de bonne volonté, cet appel de l’évêque de Rome reprend une large partie de ses enseignements délivrés lors de l’année 2020 et puise, en particulier, dans sa dernière encyclique, Fratelli tutti.
Saisir la «boussole» des principes sociaux fondamentaux pour «imprimer un cap commun au processus de globalisation, un cap réellement humain». Telle est l’invitation de l’évêque de Rome dans son appel délivré pour la Journée mondiale pour la Paix. «J’encourage par cette boussole chacun à devenir prophète et témoin de la culture du soin afin de combler de nombreuses inégalités sociales», insiste-t-il, après avoir relevé que la «barque de l’humanité» était particulièrement «secouée par la tempête de la crise».
Les quatre principes de la «culture du soin»
Pour le pape François, l’Église a hérité d’une «culture du soin» déjà présente dans les récits de la Genèse ou bien dans la tradition juive. Cet héritage, magnifié par Jésus-Christ dont la «vie et le ministère […] incarnent le sommet de la révélation de l’amour du Père pour l’humanité», et porté par les chrétiens depuis 2000 ans, se trouve aujourd’hui résumé dans la Doctrine sociale de l’Église.
Les principes de cette doctrine forgent la boussole à laquelle le pape invite le monde à se référer. Elle s’offre «à toutes les personnes de bonne volonté comme un précieux patrimoine». Et de détailler quatre grands principes qui constituent la «grammaire» de la culture du soin: «la promotion de la dignité de toute personne humaine», «la solidarité avec les pauvres et les sans défense», «la sollicitude pour le bien commun» et «la sauvegarde de la Création».
La place de la femme et de la famille
Pour faire advenir cette culture, le pape François compte particulièrement sur les femmes. L’émergence de cette culture «sera possible seulement avec une participation forte et généralisée des femmes, dans la famille et dans chaque environnement social, politique et institutionnel », insiste-t-il.
La promotion de cette culture demande aussi l’établissement d’un «processus éducatif». La boussole des principes sociaux est un «instrument fiable» pour y parvenir. Détaillant son propos, le pape souligne que l’éducation au soin «naît dans la famille, élément naturel et fondamental de la société, où l’on apprend à vivre en relation et dans le respect réciproque». Mais d’autres acteurs, comme l’école et l’université, doivent pouvoir y contribuer. Sur ce point particulier, le successeur de Pierre veut rassurer les pouvoirs politiques quant à l’apport de l’Église catholique en matière d’éducation.
«Ne craignez pas l’Église: elle vous honore, vous éduque des citoyens honnêtes et loyaux, elle ne fomente pas de rivalités ni de divisions, elle cherche à promouvoir la saine liberté, la justice sociale, la paix. Si elle a quelque préférence, celle-ci va aux pauvres, à l’éducation des petits et du peuple, au soin de ceux qui souffrent ou sont délaissés», affirme le pape en faisant siennes les paroles du pape Paul VI adressées au Parlement ougandais en 1969.
L’argent des armes pour éradiquer la faim
Le 266e pontife souligne enfin que la paix ne peut s’obtenir sans la culture du soin. Reprenant son vœu formulé dans sa dernière encyclique Fratelli tutti de voir le bruit des armes cesser, il rappelle son exaspération devant les ressources «gaspillées en faveur des armes, en particulier les armes nucléaires».
Le primat d’Italie appelle à prendre une «décision courageuse» en constituant avec l’argent des armes un «Fonds mondial» pour pouvoir éliminer définitivement la faim et contribuer au développement des pays les plus pauvres. (cath.ch/imedia/hl/rz)