Ordination diaconale, le 12 septembre à Saint-Imier
Le 12 septembre prochain, à 15 heures, Michel Monnerat, animateur pastoral dans la paroisse du Vallon de Saint-Imier, marié et père de trois enfants, sera ordonné diacre permanent avec le consentement de son épouse. Cette célébration solennelle sera présidée par Mgr Denis Theurillat, évêque émérite du diocèse de Bâle, en l’église de Saint-Imier. Né à Corban, en « Terre sainte », il y a 46 ans, Michel Monnerat, Prévôtois d’adoption, évoque son parcours de vie, sa foi et son engagement diaconal.
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Au matin du 21 mai dernier, le ciel est en larmes, lorsqu’une délégation du service de communication du Jura pastoral sonne à la porte de la cure de Saint-Imier. A l’abri dans cette grande demeure qui surplombe l’église, c’est autour d’un café que Michel Monnerat accueille ces deux visiteurs qui débarquent avec caméras, micros, appareils photo et autres projecteurs, pour l’interroger sur sa vie, sa foi, sa famille et son parcours diaconal.
De prime abord Michel Monnerat semble distant, peu bavard. Difficile de se faire idée de l’homme qu’il est sur la base d’une ou deux brèves sessions annuelles d’agents pastoraux. Et pas la peine de chercher sur internet : il y a bien plusieurs homonymes, dont trois sur Facebook, mais rien ou presque sur Michel Monnerat, animateur pastoral à Saint-Imier. Ce constat l’amuse : « Je suis ravi d’apprendre que l’on ne trouve pas d’articles ni de photos de moi sur internet ». Mais cet anonymat est en sursis : il va se dissoudre comme un morceau de sucre dans un café, lorsque des images, des articles et des vidéos se feront l’écho – dans les médias - de son ordination diaconale. « Michel, pourquoi tu tousses ? »
Mgr Denis, son guide
Au fil d’une discussion informelle autour d’un café, Michel Monnerat exprime l’amitié qui le lie à Mgr Denis Theurillat, « son » évêque. Un ami qu’il a connu prêtre, doyen et vicaire épiscopal : « C’est Denis qui, en 1996, m’a permis d’entamer des études de théologie à Fribourg. Trois ans plus tard, c’est aussi lui, en tant que vicaire épiscopal, qui m’a offert mon premier engagement d’animateur jeunesse en Eglise. Plus récemment, c’est encore Mgr Denis qui m’a institué lecteur et acolyte. C’était en novembre dernier à Soleure (photo ci-contre). Aujourd’hui, je suis très heureux que Denis ait accepté de sortir de sa retraite (au couvent lucernois de Baldegg, ndlr) pour venir à Saint-Imier me transmettre, à travers l’imposition de ses mains, le don de l’Esprit saint qui fera de moi un diacre ».
Une enfance à la ferme
Cheveux courts, yeux bruns, le visage souligné par un bouc parfaitement taillé, Michel Monnerat à l’œil brillant et le sourire en coin, comme s’il était toujours de bonne humeur. Les projecteurs sont allumés, la caméra est enclenchée et Michel, debout dans un coin de son bureau, semble réciter son histoire : « Je suis issu d’une famille paysanne du Val Terbi. A Corban, juste à côté de la grotte Notre-Dame de Lourdes (photo ci-contre), il y a une ferme posée sur un petit plateau, le Piamont-Steullet : c’est là que je suis né en 1975, au matin du Vendredi saint, ça ne s’invente pas… troisième enfant d’une fratrie de quatre garçons ».
Éphéméride rurale et spirituelle
Lorsqu’il parle de son enfance, ce sont encore des images et des sons d’église qui refont surface : « Chez nous à la ferme, selon les caprices du vent, on pouvait entendre sonner les clochers de Courchapoix, de Corban, ou de Mervelier et même ceux de Montsevelier ou de Vicques. Notre vie était animée par deux constantes : le rythme des saisons, avec les travaux des champs et la vie de l’Eglise avec des prières quotidiennes, les messes et les fêtes religieuses. Avec nos grands-parents nous étions huit à table et pas un repas n’était entamé sans avoir remercié le Seigneur. J’ai le souvenir d’une enfance très heureuse, marquée par cette éphéméride rurale et spirituelle. Quel plus beau terrain de jeu, qu’une ferme ? On avait la grange, les champs, les bois. On pouvait même conduire le tracteur ! »
Un appel précoce
Après sa scolarité à Corban (1981-1990) et quelques stages, Michel entame un apprentissage de dessinateur constructeur de machines-outils (1990-1995). Avant même d’aller au bout de sa formation et d’avoir son CFC en poche, Michel savait déjà qu’il prendrait une autre voie : « Depuis l’âge de sept ou huit ans, j’avais la conviction que j’étais appelé à autre chose. Dès lors, j’ai cheminé en m’engageant dans divers mouvements d’Eglise, dont les « Jeunes de Lourdes » et les « Jeunes du Val Terbi ». Au gré des rencontres, des camps ou des voyages avec des agents pastoraux, je peux dire que Dieu a fait son chemin en moi : « Il a mis à jour ce désir profondément ancré dans mon cœur. Je suis devenu responsable des « Jeunes de Lourdes » du Jura, puis de Suisse romande. A l’époque ces pèlerinages interdiocésains à Lourdes réunissaient chaque été 300 à 350 jeunes à Lourdes ».
Comme un miracle à Lourdes
Michel aime raconter que son destin a basculé autour d’une assiette ; une crêpe offerte par un agent pastoral en charge du Centre d’animation jeunesse (CAJ) : « C’est cette rencontre qui m’a amené à entreprendre des études de théologie à l’Institut de Formation aux Ministères (IFM) à Fribourg, pour devenir animateur jeunesse ».
C’est durant cette période, lors d’un pèlerinage de jeunes à Lourdes, qu’il rencontre Nathalie : « C’est assez cocasse, on habitait à deux kilomètres l’un de l’autre et l’on ne s’était jamais croisé avant nos 17 ans. Le destin nous a réunis et nous avons cheminé ensemble jusqu’à notre mariage en 1998 ». Michel avait 23 ans, Nathalie 22 et trois enfants sont nés de cette union : Chloé, 22 ans ; Maëlle, 18 ans ; et Noah qui aura 16 ans en décembre.
Pour et avec les jeunes Prévôtois
En 1999, au terme de sa formation, Michel Monnerat est engagé pour un ministère particulier à Moutier : « Il s’agissait de créer un CAJ, comme ceux qui existaient à Porrentruy et Delémont. C’est ainsi que l’on a ouvert « Le Grenier », un espace aménagé dans la Maison des Œuvres, dans lequel on organisait des rencontres et des activités destinées aux jeunes Prévôtois ». C’est l’époque des premières Montées vers Pâques ouvertes à tout l’Ensemble paroissial Pierre-Pertuis, réunissant des jeunes de Moutier, de Saint-Imier et de la Tramata. « Je suis très heureux d’avoir contribué à créer des ponts entre ces trois entités pastorales. Il y a eu aussi les camps organisés par le CAJ, des expériences fabuleuses, autant pour les animateurs que pour les jeunes, notamment lors des séjours dans le désert ou en Afrique ».
Dans le regard du pape
La photo encadrée et suspendue au-dessus de son bureau immortalise l’un des moments forts de son engagement en Eglise : sa rencontre avec le pape Jean-Paul II. C’était lors du Rassemblement national des jeunes catholiques à Berne, les 5 et 6 juin 2004 : « Près de 14’000 jeunes s’étaient rassemblés sur la prairie de l'Allmend pour participer à la messe présidée par le Saint-Père. C’était une organisation incroyable qui m’a demandé un investissement en temps incalculable avec plus de 20'000 km parcourus. Mais il y a eu cette rencontre avec Jean-Paul II. Certes il était déjà très affaibli, mais j’ai été très impressionné par la vitalité de son regard lors de cette brève, mais inoubliable audience, accompagné une fois encore, par Mgr Denis Theurillat ».
Plus de 20 ans d’animation
Ainsi, de 1999 à 2007, Michel Monnerat aura été animateur pastoral à temps plein en ministère jeunesse dans le doyenné du Jura bernois. Puis de 2007 à 2012, il poursuit sa mission d’animateur jeunesse à mi-temps et il est nommé animateur pastoral à 50% dans l’Unité pastorale de la Tramata (Tramelan-Malleray-Tavannes). Depuis 2012, il est animateur pastoral en ministère paroissial dans la paroisse du Vallon de Saint-Imier.
Invitation lancée par l’évêque
A l’entendre, Michel Monnerat a toujours envisagé de devenir diacre, en cheminant « aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire », histoire de voir grandir ses enfants : « La question du diaconat permanent s’est reposée d’une manière plus précise en 2015, notamment par l’invitation lancée à des agents pastoraux par Mgr Felix Gmür. Cet appel a rejoint l’envie qui était en moi et je suis heureux que ma candidature ait été retenue ».
Retour aux études
Dès septembre 2017, Michel Monnerat retourne sur les bancs d’école pour une formation complémentaire à la faculté de théologie de l’université de Fribourg. Trois ans d’études pour obtenir un équivalent bachelor : « La formation que j’ai suivie ces trois dernières années à Fribourg m’a surtout permis de resituer les fondamentaux au niveau de ma foi. Un travail de construction, mais aussi de remise en question et de très belles découvertes. Habité par cet enseignement et mes vingt ans d’expérience en Eglise, je me destine véritablement à être un témoin de cette Présence dont a fait preuve le Christ lors de sa vie terrestre. C’est le rôle du diacre d’être là, d’accompagner les gens dans leur quête de sens, de Dieu aussi ».
L’être et le faire
« Au niveau du faire, le diacre peut présider des baptêmes et des mariages ; il proclame l’Evangile ; prononce l’homélie ; durant les célébrations, il sert le prêtre en déposant sur l’autel le pain et le vin ; il porte la communion et donne les bénédictions de l’Eglise. » Mais pour Michel Monnerat, c’est au niveau de l’être que le ministère d’un diacre prend tout son sens : « Il renvoie les femmes et les hommes à celui qui s’est présenté jadis au milieu de nous, comme celui qui sert, le Christ. Le diacre donne un visage d’Eglise à ceux qui sont laissés pour compte, à ceux que l’on met en périphérie. C’est l’Esprit saint reçu lors de l’ordination qui insuffle cet élan, qui donne la force de s’engager au service de tous les gens de la communauté du monde ».
Nathalie est plus diacre que moi
Le 12 septembre, l’un des temps forts de l’ordination diaconale de Michel Monnerat, sera certainement le moment où Mgr Denis Theurillat invitera Nathalie à s’approcher de l’autel pour lui demander si elle accepte que son mari soit ordonné diacre. « Mon épouse Nathalie est engagée à mes côtés depuis vingt ans. Ce que j’ai pu réaliser durant mon ministère, je le dois en grande partie à ma femme qui à sa façon m’a montré le chemin de l’Amour. Elle est un appui, elle me conseille, relit souvent mes textes et me donne la force d’aller plus loin. Je pourrais même dire qu’elle est plus diacre que moi. Ensemble on forme un couple à l’écoute et bienveillant aux situations qui nous sont confiées… On les porte ensemble, vraiment ».
Mon cœur est prêt !
« Les enfants sont grands et, à travers leurs formations respectives, ils s’orientent vers la réalisation de leur vie. Etant donné que j’étais moi-même en études ces dernières années, il y a eu quelques moments cocasses, notamment de très belles discussions philosophiques, qui ont été en enrichissement pour moi », confie Michel. « Je ne sais pas trop de quoi sera fait mon diaconat permanent, même si les contours de cette fonction sont très bien dessinés par l’Eglise. Mais la densité de ce diaconat va nécessairement dépendre de ma capacité à accueillir les grâces et les dons du Seigneur qui me seront donnés dans l’ordination. Ce que je sais, c’est que mon cœur est prêt !
Pascal Tissier
Diacre, je me destine à cette Eglise aux mille visages dans laquelle j’ai été introduit par le baptême et qui a contribué à modeler l’homme que je suis aujourd’hui. À cette Eglise qui malgré ses absences et ses erreurs, a toujours annoncé et fait mémoire du Christ vivant. Or, je souhaite dans l’élan de la première Pentecôte, contribuer à l’édification de cette Eglise à la fois divine et humaine ; vulnérable, exposée, ouverte aux questionnements actuels, prenant le parti des plus vulnérables, éveilleuse de la recherche libre des voies de Dieu. Assurément, cette Eglise-là, à laquelle je veux apporter ma pierre, sera à la hauteur de l’Evangile. Elle sera pour le monde d’aujourd’hui la meilleure ambassadrice du Dieu humble et désarmé de l’Evangile.
L’Eglise dont je rêve est celle qui écoute avant de parler, qui accueille avant de juger, qui aime le monde avant de le décrier, qui encourage la nouveauté avant de condamner, qui annonce (l’Evangile) avant de dénoncer !