Un archevêque orthodoxe plaide pour que les chrétiens fêtent Pâques ensemble dès 2025, l’année du 1700e anniversaire du 1er concile œcuménique de Nicée. Le Vatican soutient l’idée mais, prévient le cardinal Kurt Koch, ce ne sera pas facile.
Par Christophe Lafontaine/Terresainte.net
Une seule date pour Pâques en signe d’unité des chrétiens. L’idée vient de prendre une nouvelle impulsion. Comme l’a rapporté le 9 mars l’agence allemande KNA, elle émane de l’archevêque orthodoxe Job Getcha de Telmessos, chef de la Mission permanente du Patriarcat œcuménique de Constantinople auprès du Conseil œcuménique des Eglises (COE).
La différence des dates de Pâques est l’un des nombreux signes de division entre les chrétiens. Les catholiques ainsi que les protestants suivent le calendrier grégorien, et les orthodoxes le calendrier julien. Ainsi cette année, les catholiques fêteront Pâques le 4 avril et les orthodoxes le 2 mai. Une célébration de Pâques simultanée, due aux hasards des calendriers, peut toutefois avoir lieu. Ce fut le cas notamment ces dernières années en 2007, 2010, 2011, 2014 et 2017.
Pour donner corps à sa proposition, l’archevêque orthodoxe Job Getcha de Telmessos estime que l’année 2025, qui marquera le 1 700e anniversaire du premier concile œcuménique de Nicée (en Turquie actuelle), serait «une bonne année pour éduquer les chrétiens sur la nécessité d’une réforme du calendrier et d’une date de Pâques commune». D’autant qu’en 2025, Pâques tombe le même jour, le 20 avril, pour tous les chrétiens.
Une foi, deux calendriers
Lors du concile de Nicée en 325, une date de Pâques commune avait été introduite pour les Eglises chrétiennes. Il fut alors stipulé que la fête de Pâques devait être célébrée par tous les chrétiens le dimanche après la première pleine lune advenant pendant ou après l’équinoxe de printemps. D’après cette règle, Pâques peut donc occuper, selon les années, trente-cinq positions dans le calendrier, du 22 mars au 25 avril inclus.
«La difficulté est survenue plus tard», explique le cardinal Koch sur Vatican News, «lorsque le pape Grégoire XIII a introduit la réforme du calendrier – le calendrier grégorien». Ce calendrier, introduit en 1582, est le plus répandu dans les Eglises occidentales, alors que les chrétiens orthodoxes utilisent le calendrier julien, créé par Jules César autour de 45 avant J.-C. Le calendrier julien calcule une année légèrement plus longue, et a donc actuellement 13 jours de retard sur le calendrier grégorien.
«Je salue (…) l’avancée de Mgr Job de Telmessos, (…) et j’espère qu’elle rencontrera une réponse positive», a déclaré le 9 mars à l’agence de presse suisse Kath.ch, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Le prélat a de fait souligné que: «Pâques est la plus grande fête des chrétiens. Ce serait donc un signe très beau et important si nous, chrétiens, avions une date commune pour cette fête». Il a par ailleurs affirmé que l’anniversaire du Concile de Nicée était «une bonne occasion». Rappelant que ledit concile «a fait campagne pour une date de Pâques commune dès le quatrième siècle».
Le Pape pourrait être prêt à faire des compromis
Cela dit, le cardinal suisse a toutefois reconnu qu’«il ne sera pas facile de s’entendre sur une date de Pâques commune, mais cela vaut la peine d’y travailler». De fait, jusqu’à aujourd’hui, tous les efforts ont été infructueux. La dernière tentative fut celle du COE qui proposa une réforme de la méthode de détermination de la date de Pâques lors d’un sommet à Alep (Syrie), en 1997. Cette réforme, restée lettre morte, aurait permis d’éliminer les différences de dates entre Eglises occidentales et orientales.
Par ailleurs, fixer Pâques à un dimanche fixe arbitraire n’aurait guère de sens du point de vue du cardinal: «Si vous deviez prendre n’importe quelle date maintenant, par exemple le deuxième dimanche d’avril ou quelque chose comme ça, alors vous devriez également être sensible aux racines juives.» Eu égard au fait que le Christ est mort le jour du repas de la Pâque juive, selon Saint Jean l’évangéliste et que la Pâque juive est toujours fixée le jour de Ia première pleine lune tombant après l’équinoxe de printemps. «La question n’est donc pas très facile, mais je pense que c’est une bonne chose si elle est abordée», a admis le cardinal Kurt Koch.
Sur les ondes de la radio du Vatican, il a ajouté penser que le pape François était prêt à faire des concessions. N’hésitant pas à relayer sa préoccupation pour les familles issues de mariages mixtes entre catholiques, orthodoxes et protestants où il se peut que l’un des parents célèbre la résurrection quand l’autre est encore en plein carême. En plus du pape François, le cardinal Koch a rappelé que le pape des coptes orthodoxes, Tawadros II, avait aussi à cœur l’unification de la date de Pâques. (cath.ch/terresainte.net/bh)
© Centre catholique des médias Cath-Info, 28.03.2021
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