Renata Asal-Steger élue à la tête de la RKZ
Assemblée plénière de la Conférence centrale des 29 et 30 novembre 2019 à Zurich
Deux temps forts ont marqué la dernière assemblée plénière de la Conférence centrale de la période de mandat 2018-2019: l’intégration de l’Eglise cantonale schwytzoise au sein de la Conférence centrale et le choix porté sur Renata Asal-Steger en tant que présidente de cette dernière. Au-delà, plusieurs sujets importants ont été débattus: le «chemin à entreprendre ensemble pour renouveler l’Eglise», les élections de renouvellement de l’ensemble des organismes, la révision de la clé de répartition des contributions dues à la Conférence centrale, la conclusion de contrats de prestations et des décisions d’ordre financier donnant, pour certaines, lieu à controverse.
Renata Asal-Steger - à droite - élue à la tête de la RKZ, ici photographiée à l’occasion de la grève des femmes du 14 juin 2019.
Rattachement de l’Eglise cantonale catholique romaine de Schwyz
L’intégration de l’Eglise cantonale schwytzoise au sein de la Conférence centrale constitue une étape significative pour deux raisons. Premièrement, il aura fallu plusieurs tentatives jusqu’à ce l’on aboutisse à un scrutin positif des catholiques schwyzois en été 2019. Deuxièmement, parce que la dernière tache blanche sur la carte nationale de la Conférence centrale a disparu. Depuis le 1er dimanche de l’avent 2019, en l’occurrence le 1er décembre de cette année, toutes les organisations ecclésiastiques cantonales de Suisse soutiennent désormais leur organisation faîtière qu’est la Conférence centrale. «On peut y voir un signe clair de ce que la solidarité dans l’Eglise n’est pas laissée à l’arbitraire de chacun mais qu’au contraire, il appartient à tous de verser sa part», a souligné le président de la Conférence centrale, Luc Humbel. De leur côté, les délégués ont rendu hommage sous la forme d’applaudissements nourris aux efforts sans relâche déployés par le président de longue date de l’exécutif de l’Eglise cantonale, Werner Inderbitzin. Ce dernier avait fait de l’adhésion à la Conférence centrale son cheval de bataille.
Un Romand ou une Suissesse alémanique?
Lors de la réunion du vendredi soir déjà, les délégués à la Conférence centrale ont été placés devant un choix difficile. Pour la première fois, deux personnes s’étaient mises à disposition pour conduire les destinées de la Conférence centrale, à savoir Renata Asal-Steger, issue de la Suisse alémanique, et Roland Loos, un représentant de la Suisse romande. Or, il s’agit de deux candidatures relevant de la rareté quand on sait qu’au cours de ses quasi cinquante ans d’histoire, la Conférence centrale n’a été dirigée qu’une seule fois par une femme et qu’à une unique occasion par un Romand. Si de nombreux délégués auraient souhaité pouvoir prendre en considération ces deux aspects, une majorité d’entre eux s’est toutefois prononcée en faveur de Renata Asal-Steger, depuis 2014, vice-présidente de la Conférence centrale et présidente désignée du conseil synodal de l’Eglise nationale lucernoise. «C’est avec beaucoup de joie et de respect que je prendrai part avec vous à l’édification de l’Eglise de demain, une Eglise qui aborde avec courage les questions de notre temps», a-t-elle dit après avoir accepté son élection.
Tous les autres organismes de la Conférence centrale ainsi que les délégations de cette dernière au sein d’instances extérieures ont fait également l’objet d’une nouvelle élection. Les résultats de la procédure de vote ont révélé une réjouissante continuité, car la plupart des personnes déjà en place s’étaient déclarées prêtes à briguer un nouveau mandat. Des changements se sont produits essentiellement au niveau des experts siégeant au sein de commissions: pour succéder à feu Philippe Gardaz et à l’ancien président du Tribunal fédéral Giusep Nay à la Commission du droit public ecclésiastique, les délégués ont élu le professeur de droit privé émérite Paul-Henri Steinauer (Fribourg) et le professeur de droit public Felix Hafner (Bâle). Quant à Laure-Christine Grandjean, qui a siégé jusqu’ici à la Commission pour la communication, elle a été remplacée par Mariano Tschuor, ancien journaliste à la SRG et dont la candidature a été proposée par la CES.
«En chemin ensemble pour renouveler l’Eglise»
Les délégués à la Conférence centrale ont pris connaissance avec intérêt des informations que le président de la Conférence des évêques a données par lettre concernant le processus de renouveau prévu au sein de l’Eglise. Il s’agit d’une démarche à laquelle ils adhèrent pleinement et dont ils approuvent la conception en tant que «work in progress». Parallèlement, la Conférence centrale aspire à ce que sa participation au processus mais aussi le rôle assigné au Conseil de coopération CES-Conférence centrale dans ce cadre soient renforcés et définis avec plus de précision. A l’unanimité, les délégués ont habilité la présidence de la Conférence centrale à désigner l’un(e) ou l’autre des leurs pour siéger au groupe de pilotage envisagé par la CES, cela en tant que représentant(e) d’une corporation ecclésiastique cantonale. De même, les règles du jeu devront être arrêtées de concert si l’on veut qu’elles soient respectées par tous. Dès lors, la Conférence centrale souhaite être intégrée à la mise au point du règlement devant régir le processus de renouveau. Par ailleurs, les délégués se sont réjouis à la nouvelle que la Conférence épiscopale d’Allemagne et le Zentralkomitee der deutschen Katholiken (comité central des catholiques allemands) ont décidé d’accorder à la Conférence centrale un statut d’observateur dans le cadre du «Synodaler Weg» (voie synodale). Il sera bon en effet que les deux projets synodaux constituent mutuellement une source d’inspiration et de leçons à tirer.
Contrats de prestations et questions de financement
La Conférence centrale mettra à disposition quelque CHF 8,5 mio en 2020 pour le cofinancement des tâches pastorales en Suisse. Sur cette somme, près de CHF 6 mio seront alloués dans le cadre de contrats de prestations conclus avec des institutions pour une durée de trois ans. Grâce à ce procédé, la sécurité de la planification financière s’en trouve améliorée, et les organismes du cofinancement peuvent assigner aux bénéficiaires des objectifs garants d’une affectation efficiente des fonds et en contrôler l’atteinte.
Quand bien même l’Eglise doit faire face à de nouveaux objectifs, la Conférence centrale n’en dispose pas pour autant de moyens supplémentaires. Afin d’alléger la charge financière au niveau suisse, il se révèle indispensable d’examiner à intervalles réguliers où se présentent des possibilités de concentrer les forces et où des tâches sont susceptibles d’être transférées à l’échelon cantonal ou diocésain. En outre, il convient de fixer des priorités mais aussi d’inviter les institutions à trouver d’autres sources de financement et à s’en sortir avec moins d’argent. Ce sont là des décisions douloureuses auxquelles un accueil variable est réservé. Après des échanges parfois controversés, les délégués ont approuvé les propositions soumises concernant l’enseignement de la musique d’église à la Hochschule Luzern, la pastorale biblique en Suisse romande et en Suisse alémanique, l’institut d’éthique sociale ethik22, le Service Romand de la Catéchèse et du Catéchuménat et l’association Voyage-Partage. A plusieurs reprises, il a été souligné que ces décisions n’étaient nullement synonymes d’une remise en cause de la qualité et de l’importance du travail fourni par les institutions concernées, et que les organismes compétents étaient prêts à les aider activement à trouver des solutions durables.
Pour être à même de mettre à disposition les fonds qu’exige le financement des tâches pastorales, la Conférence centrale doit commencer par se les procurer. La seule source à laquelle elle peut recourir sont les contributions que lui versent ses membres, les organisations ecclésiastiques cantonales. Le partage de la charge entre elles est effectué sur la base d’une clé de répartition fixée par un règlement. Un groupe de travail a soumis ce dernier à un examen et suggéré d’en adapter certains points qui ont fait l’objet d’une discussion au sein de l’assemblée. La première lecture du règlement des contributions modifié a fait apparaître que les propositions allaient dans la bonne direction mais nécessitaient encore des précisions. Après des clarifications supplémentaires, il est prévu de se prononcer définitivement au printemps 2020 sur les changements envisagés. Au cœur des discussions a figuré en particulier l’idée de rebaptiser les contributions dues à la Conférence centrale en «Contributions Eglise Suisse», cela afin de mettre en évidence que les fonds fournis par les organisations ecclésiastiques cantonales servent pour l’essentiel à financer les tâches pastorales et que seule une petite partie de cet argent est dévolue à la Conférence centrale pour son fonctionnement.
Remerciements à Luc Humbel
L’engagement considérable dont a fait preuve Luc Humbel en tant que président de la Conférence centrale durant les quatre dernières années lui a valu une vive reconnaissance et des hommages appuyés. Il a inspiré et marqué de son empreinte l’action de cette organisation faîtière dont il a renforcé la visibilité grâce au RKZ Focus et à sa participation active au Forum politique Berne. Recherchant inlassablement un dialogue sur pied d’égalité avec les évêques, Luc Humbel a défendu avec insistance la nécessité de développer un concept global pour la pastorale qui prenne en compte le phénomène migratoire et la diversité culturelle caractérisant l’Eglise en Suisse. Dans ses plaidoyers prononcés en ouverture des assemblées plénières, il a systématiquement abordé des sujets et soucis correspondant aux préoccupations des délégués à la Conférence centrale engagés au service de l’Eglise. A noter que Luc Humbel, même s’il a passé le témoin à Renata Asal-Steger, restera actif au sein de la Conférence centrale en tant que délégué dans la mesure où il préside aujourd’hui encore l’Eglise nationale d’Argovie.