Chaque année, l’Animation Biblique Catholique (ABC) offre une session dans le cadre magnifique de la Pelouse sur Bex. Cette formation s'est déroulée du 26 au 30 juin 2024. Le thème choisi pour cette année: " Justice et tendresse avec les petits prophètes ".
De nombreuses personnes ont saisi cette belle opportunité pour vivre une retraite biblique en se plongeant dans un thème passionnant, en bénéficiant de conférences, d’échanges en groupes et de belles célébrations liturgiques. La messe du dimanche 30 juin a été retransmise sur les ondes de la Radio romande.
Didier Berret, Barbara Francey, l'abbé François-Xavier Amherdt, Monique Dorsaz et Jean-Daniel Loye ont animé cette 38e formation ABC.
Retour en images et sons sur cette fin de semaine riche en rencontres et en découvertes.
Lecture du film = 5'30"
Les petits prophètes : justice et tendresse
On demande aujourd’hui pour notre monde et nos Églises que se lèvent des figures prophétiques vigoureuses ! Nous partagions ce désir lors de la session biblique d’été de l’Animation biblique catholique de Suisse romande (l’ABC), sur les hauteurs de La Pelouse à Bex. Elle était consacrée aux 12 « petits » prophètes de l’Ancien testament, petits par la taille de leurs livres, mais puissants par leur message, si adapté à notre (post-)modernité.
12, chiffre de la plénitude, car résultant de la combinaison des nombres divin (le 3 de la Trinité), humain et cosmique (les 4 points cardinaux, les 4 éléments, les 4 saisons). Ils se font les « porte-parole » devant Israël de la justice et de la tendresse voulues par Dieu.
Le souffle prophétique s’est-il tari aujourd’hui, au début du 3ème millénaire ? Où sont les François d’Assise et Dominique, les Martin Luther King et Nelson Mandela, les Thérèse d’Avila et de Lisieux au 21ème siècle ? Peut-être le pape François, que tant de milieux traditionnalistes critiquent – ce qui est peut-être bon signe quant à la pertinence de ses propositions !
Vivement qu’apparaissent des Osée et des Amos, afin de chanter l’amour conjugal et paternel dont le Seigneur nous comble, ou crier le respect envers les pauvres vendus pour une paire de sandales ! Puissent des Michée et des Joël surgir pour proclamer la venue constante du Messie destinée à transformer les épées en faucilles et à faire couler la paix entre les nations, ou pour annoncer la descente de l’Esprit sur toute chair et catégorie sociale, sur les jeunes et les vieillards !
De tels oracles s’avèrent également nécessaires de manière à dénouer les injustices dont l’univers impitoyable des sports de pointe est émaillé : tricheries et dopage, corruption et racisme. Ainsi que nous l’avons vu une fois de plus aux Jeux Olympiques de Paris, le risque de divinisation des stars sportives et d’idolatrisation des disciplines athlétiques demeure omniprésent.
Mais que des voix se manifestent également pour célébrer la joie immense que les « corps sains dans des esprits saints » éprouvent, si le respect de l’adversaire (et de l’arbitre) l’emporte sur la haine nationaliste, si l’esprit d’équipe valorise la place de chaque joueur dans la formation, si le souffle divin permet aux compétiteurs comme aux « sportifs du dimanche » de « donner le meilleur d’eux-mêmes » et véritablement se transcender !
« Plus vite, plus haut, plus fort – citius, altius, fortius » : la devise olympique correspond bien aux idéaux des prophètes qui jamais ne se contentent de demi-mesures, qui refusent que nous « vivotions » dans la médiocrité en regardant notre vie du balcon (cf. pape François, Christus vivit, exhortation apostolique aux jeunes), que nous nous considérions comme des photocopies, alors que nous sommes des originaux, ainsi que le clame le jeune prophète Carlo Acutis, dont la prochaine canonisation vient d’être évoquée.
Rien ne les arrête, ces « fous de Dieu », ni les résistances du peuple, ni les oppositions des chefs politiques, judiciaires ou religieux, ni les obstacles suscités par les événements, ni l’indifférence mondaine.
Il s’agit d’aller au bout du don, comme le Christ qui aima les siens jusqu’à l’extrême, comme Marie et les femmes qui restèrent jusqu’à la fin au pied de la croix, comme celles et ceux qui incarnent la béatitude de la persécution pour le nom de Jésus.
Au fond, ne sommes-nous pas tous et toutes appelé(e)s à être ce que nous sommes par notre baptême, des haut-parleurs de la vérité et de la miséricorde ? Ne sont-ce pas les deux faces d’une même pièce, les deux versants d’une même main ? Avec Dieu dans le jeu de la vie, au cœur de la création, chacun de nous peut remporter la victoire, devenir champion d’Europe ou du monde, et apporter sa contribution unique et indispensable. Pourvu que nous participions, nous gagnerons. Quitte à nous casser le nez…
Abbé François-Xavier Amherdt, Itinéraires – Carte blanche [3945]
Galerie de photos
JO et Bible
Peut-être vous passionnez-vous pour les Jeux Olympiques de cet été à Paris. Un tel engouement s’avère tout à fait compatible avec le goût pour l’Écriture, et pourquoi pas, en faveur de notre session ABC sur les 12 petits prophètes, entre miséricorde et justice, du mercredi 26 juin au dimanche 30 juin à La Pelouse-sur-Bex (voir p. 56). L’un n’empêche pas l’autre. L’endurant saint Paul du reste recourt volontiers à des métaphores sportives pour faire signe vers la réalité du Royaume à désirer : « Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. » (1 Corinthiens 9,24-25)
L’apôtre des nations nous presse donc à concourir en fixant le but, à faire de la lutte en ne frappant pas dans le vide, à nous exercer (c’est le mot grec askesis, ascèse), afin d’éviter d’être disqualifiés lorsque nous proposons l’Évangile.
Sports de détente et de compétition
Comme le dit mon prochain ouvrage, à paraître cette année aux Éditions « Nouvelle Cité », intitulé Dieu dans le stade, deux réalités coexistent en fait : le sport de détente, avec tous ses bienfaits mais sans ses excès, et les disciplines de compétition, avec leurs grandeurs exaltantes et leurs dérapages. Toutes deux sont marquées par une forme de spiritualité, car elles se pratiquent selon différents états d’E/esprit. Ainsi que l’affirme encore Paul au chapitre suivant de la même épître (1 Corinthiens 10,31), que nous mangions, que nous travaillions, que nous jouions, que nous courions, nous sommes invité(e)s à tout faire pour la gloire de la Trinité Sainte.
Justice et tendresse
C’est vrai que nous avons besoin en notre monde déboussolé de voix prophétiques, telles celles d’Osée et d’Amos, de Michée et de Joël, de Zacharie et de Malachie, pour dénoncer les injustices dont l’univers impitoyable des sports de pointe est émaillé : tricheries et dopage, corruption et racisme, etc. Mais aussi pour valoriser toute la joie que les « corps sains dans des esprits saints » éprouvent s’ils transforment leurs lances de haine en faucilles de paix, s’ils se laissent emplir par le Souffle divin remis à toute chair et s’ils acceptent d’épouser le Seigneur en des noces nouvelles et infrangibles.
Venez vous en rendre compte en juin, à Bex, avant d’acclamer si vous le voulez les triomphes « éphémères » des médaillés parisiens. L’essentiel, quelle que soit notre situation, consiste à « donner le meilleur de nous-mêmes », ainsi que l’indique le Document du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, et de tendre toujours plus haut (altius), toujours plus vite (citius) et toujours plus puissamment (fortius) vers le Seigneur, pour reprendre la devise olympique. Car si nous participons, avec Dieu, nous gagnerons.
François-Xavier Amherdt « Coordinateur » de l’ABC, Écritures 2-2024 - Éditorial